The Boy

The Boy (2016)

Durée inconnue | Horreur, Thriller | 22 janvier 2016
Note
3/10
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Une nourrice est engagée par un couple pour s'occuper d'une poupée qu'ils considèrent et traitent comme si elle était leur fils, récemment décédé. Sauf que la nourrice se rend compte que la poupée est bien vivante...

De la Twilight Zone à Annabelle, en passant par Jeu d’enfant, Puppet Master et l’excellent Dolls, les poupées font partie intégrante d’un folklore horrifique princièrement inscrit dans l’imaginaire collectif. Explorant les méandres de la vallée dérangeante et réveillant des pulsions traumatiques liées à l’enfance, les films exploitant cette figure ont succombé, au fil des années, aux affres de la convenance et de la caricature. Ne subsistent que des œuvres engendrées par leur seul aspect lucratif, tout juste bonnes à exciter (mollement) le regard torve d’une horde de spectateurs conditionnés par la bouillie filmique fadasse qui leur est servie continuellement. Nous-autres, humbles rédacteurs de films-horreur.com, gardions tout de même un ersatz d’espoir : « Nan, mais… la direction artistique est pas mal, y’a moy’ que ça fasse un peu peur. Ok, c’est réalisé par William Brent Bell… Le mec est une serpillère, mais bon… Tout le monde peut s’améliorer, non ? Hey Alexa ! Tu peux me passer le ketchup s’il te plait ? J’aimerais en mettre dans mon sandwich à la vache-qui-rit ». Nous avions cruellement tort… The Boy est une énième bousasse himalayesque qui, en dépit de son atmosphère vaguement gothique, se révèle plus drôle qu’autre chose. Mais vous n’êtes pas obligés de nous croire sur parole, lisez donc ce qui suit…

Le visage du mépris

Le visage du mépris

Greta Evans (Lauren Cohan) est une jeune américaine qui tente de s’extirper d’une relation amoureuse ayant tourné au désastre. Pour prendre de la distance, elle accepte un emploi de nourrice dans un manoir en Angleterre. Ses employeurs, les Heelshires (Jim Norton & Diana Hardcatle), un couple de bourgeois d’un âge vénérable (y’a déjà une couille dans le potage), lui confient leur fils Brahms pendant leurs vacances ; la baby-sitter sera surprise de découvrir une poupée à taille humaine, que ses clients traitent comme un véritable enfant depuis la disparition du garçonnet, mort il y a 20 ans dans un incendie. Ignorant dans un premier temps les recommandations des parents quant à l’entretien de Brahms, Greta sera vite confrontée à une série de phénomènes inquiétants. Recluse, elle ne pourra compter que sur l’aide de Malcolm (Rupert Evans), gérant d’une épicerie locale, pour ne pas sombrer dans la folie…

"Qu'est-ce que je fous dans ce film ?"

“Qu’est-ce que je fous dans ce film ?”

D’aucuns pourraient fustiger l’inanité d’un script (signé Stacey Menear) moins original encore que l’apparition des expressions « gwaan », « rudeboy » ou « rastafari » dans un album de Buju Banton ; ce serait oublier l’emploi récurrent – et tout de même regrettable – de scénarios prétextes à l’exposition progressive d’instants d’effroi dans le cinéma d’horreur… Là où The Boy pèche, c’est lorsqu’il cherche à approfondir des thématiques aussi sinueuses que la violence conjugale et le deuil parental : compte tenu de la pauvreté de l’écriture du personnage nodal et de l’incapacité totale du film à susciter la moindre empathie, résultent de cette parodie d’effort quelques élans mélodramatiques dignes d’une obscure telenovela guatémaltèque. Le dernier long-métrage de Brent Bell échoue à installer une quelconque tension dramatique et recourt paresseusement à des canons éculés du genre, de la vieille bâtisse (aussi tortueuse qu’isolée) à la confusion entre le rêve et la réalité, en passant par une série de jumpscares nourris d’infrabasses et de contre-points. En l’absence de cette tension, davantage meurtrie par l’instillation balourde d’éléments scénaristiques (« Hey Greta, j’veux pas t’faire peur, mais y paraît que Brahms, de son vivant, c’était une vraie saloperie. J’te jure, fais gaffe. Alors, on baise ? »), la survenance d’un twist aussi peu crédible que colossalement mal servi achèvera de noyer le spectateur dans les profondeurs ténébreuses de l’étron pelliculaire – opportuniste, et réduisant son audience à l’état de vaches à lait bonnes à renflouer les caisses des studios. Le dénouement passablement pénible de The Boy est servi par des plans d’une laideur grotesque, flous, mal cadrés et sous-exposés, trahissant le manque de croyance du réalisateur en son oeuvre… Cette dégénérescence qualitative reste d’autant plus déstabilisante que le reste du film, s’il demeure mis en scène avec une platitude désolante, jouit d’une photographie plutôt léchée (bien que désincarnée) dirigée par Daniel Pearl – photographie soulignant le production design de John Willett et le travail de Brian Berdan, qui raccorde via son montage des fragments d’un huis-clos tourné dans différents lieux. Ces quelques bons points ne suffiront pas à rattraper les nombreuses tares de The Boy, nouvelle production symptomatique d’une tendance pernicieuse, briguant le succès commercial sans tenir compte de la réception critique… Prévue pour le plus grand nombre, la dernière réalisation de Brent Bell ne suscite ni la peur, ni le dégoût ; vous n’y trouverez que l’expression la plus cynique de la vacuité. Passez-votre chemin, allez plutôt jouer à la marelle.

Par Fabio MDCXCVII

(l’auteur de ces quelques lignes tient à présenter ses excuses pour la virulence de ses propos – promis, il le fera plus. Mais bon… Faut arrêter de prendre les gens pour des pastèques en même temps).

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