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[Etrange Festival 2012] Et pour quelques critiques de plus

Difficile de tenir le rythme soutenu de l’Étrange Festival quand, en plus des journées remplies de projections diverses, il est encore nécessaire, une fois rentré au bercail, de pondre quelques critiques que l’on espèrera éclairées avant de constater que la fatigue accumulée aura eu raison de la plupart de nos capacités intellectuelles… Un mois après la bataille, permettons-nous donc de revenir, les idées claires – du moins, on le souhaite – sur les quelques autres films horrifiques projetés que nous n’avions pas encore traités.

Iron Sky (Timo Vuorensola, 2012)

Depuis l’annonce de ce projet dont le pitch réjouissant semblait tenir tout autant du fantasme que de la grosse bouffonnerie, nous avouons que nous n’en pouvions plus d’attendre de le découvrir. Connaissant le mépris des distributeurs pour le cinéma que nous affectionnons tant, c’est avec joie que nous avons appris la sélection d’Iron Sky en compétition internationale. Flirtant régulièrement avec le second degré et l’absurdité des productions 70’s, ce nazisploitation finlandais est une très agréable comédie de SF enchaînant avec une régularité insolente les associations d’idées entre l’Allemagne nazie et le gouvernement américain contemporain, rapprochant toute décision militaire au discours idéologique aryen et tout ordre hiérarchique à des velléités fascistes. Pour la subtilité, on repassera même si, évidemment, il ne s’agit en aucun cas de l’effet recherché. Les productions jusqu’au-boutistes italiennes ou la mythique firme française Eurociné ne sont pas loin… La procédure fonctionne mais ne permet pas, in fine, de garantir l’ampleur d’une narration que l’on aurait imaginé encore plus ambitieuse et délirante. Voir une armée de space-nazis marcher sur Washington par exemple, aurait à coup sûr contribué à légitimer davantage cette production dans notre cinématographie contemporaine, en étayant par l’image la notion même d’idéologies rampantes existant encore de nos sociétés et auxquelles il ne manque finalement plus qu’une véritable organisation pour se révéler dangereuses. Iron Sky n’ira pas si loin et limitera ses prétentions à son délire décérébré, aidé par un véritable sens de l’imagerie (les effets spéciaux sont bluffants pour un tel budget) et une direction d’acteurs aux petits oignons. Comment ne pas citer, pour finir, la prestation du toujours génial Udo Kier, dont le sur-jeu et l’esbroufe achèvent de rendre l’expérience totalement hallucinante.

The Thompsons (The Butcher Brothers, 2012)

Pour la première séquelle de leur carrière, les Butcher Brothers (alias Mitchell Altieri & Phil Flores) décident de poursuivre les aventures des “héros” de leur premier long-métrage, le sympathiquement moyen (ou inversement ?) The Hamiltons, généreux film à twist à la mise en scène bancale. Par le truchement de sa dernière bobine, cette petite production surprenait en dévoilant son véritable propos, revisitation moderne du thème du * biiiiip * (hé ouais, pas de spoiler pour les lecteurs qui ne l’auraient pas encore vu) qui s’achevait d’une manière trop brutale pour prétendre conclure son sujet de façon satisfaisante. Une suite semblait donc nécessaire. Comme la vie est bien faite, nous arrive donc, 6 ans après les hostilités initiales, ce The Thompsons de toute première fraîcheur. Premier constat, et non des moindres : la mise en scène, plus maîtrisée, confère une véritable ampleur à la narration et semble prouver un véritable mûrissement artistique de deux frangins qui, entre temps, ont réalisé deux longs-métrages bien plus ambitieux, April Fool’s Day (avec le résultat exécrable que l’on sait) et, surtout, The violent Kind, cocktail détonant et improbable aux influences aussi délirantes que disparates. Même si leur dernier film reste bardé de nombreux reliquats issus du film original, The Thompsons divertit tout en donnant parfois l’impression de tourner un peu à vide. Entre rupture de ton, mélange d’humour à froid et de violence brute, on regrettera essentiellement que tout le film ne soit pas au niveau de son excellente et très sauvage et sanglante introduction.

Blood Freak (Brad F. Grinter, 1972)

Celui-là, il n’était pas vraiment prévu d’en parler mais allez, c’est cadeau ! Sélectionné par Jan Kounen dans le cadre de la carte blanche qui lui offrait le festival, Blood Freak est un improbable OVNI tout droit issu de l’esprit dérangé de Brad F. Grinter, tâcheron cool acquis à la cause du Z. Initialement pensé comme un véritable film de propagande pro-catholique, Blood Freak tente, à sa manière, d’appuyer sa morale conservatrice à grand renfort de tirades sentencieuses et avec un manichéisme typique de tout extrémisme religieux. Heureusement, Jan Kounen, dont le bon goût n’est plus à prouver, fit les choses bien en imposant une projection en version française ! Un doublage épique qui laissa l’assistance aussi hilare que médusée, tant celui-ci frôle avec le meilleur du pire de l’Histoire de la post-synchronisation outranciée. Mieux encore, cette version détourne totalement le propos envisagé au départ pour imposer Blood Freak comme une véritable dénonciation, le caractère what-the-fuck de la totalité des répliques imposant une distanciation salvatrice. Mais au fait, pourquoi parler de ce film sur ce site ? Et bien mes chers bisseux parce qu’il s’agit tout simplement d’un mélange entre le film d’horreur cheap et le trip hallucinatoire proposant un inoubliable morceau de bravoure au cours duquel le héros passablement dérangé par la consommation d’un trop-plein de dinde avariée se transforme lui-même en volatile pour se venger de ceux qui l’auront préalablement foutu dans cette galère ! Un grand moment de non-cinéma, à savourer entre gens de bonne compagnie, c’est-à-dire éloignés des passionnés d’Eric Rohmer et des bigots dormant la Bible sous l’oreiller.

Critiques par Nicolas Dehais

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