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A Field in England

Affiche du film "A Field in England"

© 2013 Film4 − Tous droits réservés.

Ben Wheatley est un habitué de l’Etrange Festival, A Field In England étant son troisième long-métrage présenté au Forum des Images. Normal, ses parti-pris résolument originaux semblent incarner l’esprit même d’une telle manifestation et ses films résonnent comme autant d’œuvres atypiques au sein du grand formatage cinématographique actuel. Paraissant de prime abord passer du coq à l’âne entre chaque film, tâtant du thriller emprunt d’ésotérisme païen sur Kill List pour enchaîner sur une comédie noire en forme de guide du routard psychopathe avec Touristes, se constitue en fait une œuvre cohérente, A Field In England en étant le nouvel avatar, et s’attachant à dépeindre les mornes et délavées campagnes anglaises comme empreintes d’une part de ténèbres non négligeable.

C’est ça de jouer à la chasse aux trésors sous champi ! 

Film historique n’utilisant jamais l’Histoire anglaise comme moteur scénaristique, A Field In England se déroule de manière pour le moins surréaliste. Nous embarquant dans ses premières minutes en pleine guerre civile anglaise, lors d’une bataille et sans qu’aucun combat ne soit visible, le film suit ensuite quatre personnages en forme d’archétypes de jeu de rôle (l’alchimiste, le débile, le héros, le soldat) et décidés à déserter pendant un temps le conflit pour aller boire une bière au pub du coin. Après quelques minutes de marche, et une ingestion de champignons hallucinogènes pour certains d’entre eux, débarque un sorcier maléfique bien décidé à récupérer un trésor caché quelque-part dans ce champ servant d’unique décor au film.

A Field In England mérite bien son statut d’OVNI filmique tant l’expérience proposée est unique en son genre, jouant encore une fois avec les genres et les contrastes. Les passages en mode “comédie d’époque”, avec des dialogues burlesques sonnant comme du Sacré Graal, alternent ainsi avec de purs instants hallucinatoires. Pour ces derniers, Ben Wheatley ne tombe heureusement pas dans l’écueil du Blueberry de Jan Kounen, avec pour climax un  trip de vingt minutes en plat de résistance indigeste. Ici, hormis quelques minutes épileptiques en fin de métrage, ces plans et séquences visuellement inspirés sont répartis dans tout le film et forment une espèce de ponctuation psychédélique élevant une intrigue au final assez basique (un récit initiatique tournant au gentil magicien contre méchant sorcier, en gros) dans des sphères envoûtantes.

Les effets psychédéliques sont finalement très soft

La lenteur de l’intrigue est compensée par de nombreux attraits hypnotisants, comme cette imagerie sublimée par la superbe photographie en noir et blanc et une BO parfois complètement cathartique. On retient également l’impressionnant charisme des personnages, porté par des interprétations de haut niveau (Reece Shearsmith en tête). En plus d’un humour noir faisant mouche et de nombreuses agressions visuelles parfois très punk, ce sont autant de moyens mis en oeuvre avec succès pour susciter l’intérêt du spectateur. Avec 11 jours de tournage et trois bouts de ficelles (et probablement un gros ventilo), Ben Wheatley arrive donc à une oeuvre aussi unique qu’intense, y insufflant même un sentiment de proche apocalypse complètement électrisant. A Field In England (retitré n’importe comment chez nous) donne encore furieusement envie de découvrir ce que le réalisateur nous réserve pour la suite…

Révolution anglaise mais aussi révolution dans la distribution du film, puisque le film est le premier à avoir été diffusé sur tous les formats possibles (DVD, Bluray, VOD, sortie et même diffusion télé) le même jour en Angleterre. Chez nous on se contentera des Dvd, Bluray et VOD dispo prochainement.

Critique par Alex B

Trailer :

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