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Alien : Le 8ème passager

Affiche du film "Alien : Le 8ème passager"

© 1979 Brandywine Productions − Tous droits réservés.

Alien, le huitième passager, premier film d’une saga qu’on ne présente plus, fait partie des rares films sur lesquels le temps ne semble pas avoir d’emprise.  Un vrai classique intemporel, dépassant le stade de « perle du film de genre » pour s’imposer en chef d’œuvre incontestable du 7ème Art. Une alchimie particulière, rarement retrouvée depuis, et dont on peut distinguer quelques ingrédients.

Tout d’abord, un réalisateur remonté et envieux d’en découdre au box-office : après des années passées à réaliser des pubs, Ridley Scott se prend une petite gamelle avec son premier film, The Duellists, pourtant prix du premier film à Cannes en 77 mais qui ne rencontrera pas grand monde à sa sortie en salles. Du moins pas autant que les œuvres d’Alan Parker, son ancien collègue pubard. Drame. Jalousie. Ridley Scott n’en dort plus et décide de changer ses plans : au lieu de tourner un nouveau film historique – une nouvelle adaptation de Tristan et Iseult – ce sera donc la science-fiction, la fantaisie, les effets spéciaux et les voyages interstellaires. C’est peut-être moins classe sur le papier mais ces éléments, associés à un budget conséquent, ont récemment fait leurs preuves avec l’attentat au box-office nommé La Guerre des Etoiles.

L’équipe au complet…

Ayant déjà rôdé le concept de créature arpentant les sombres couloirs d’un vaisseau spatial sur le comique Dark Star de John Carpenter, c’est Dan O’Bannon qui se chargera du scénario, s’inspirant très probablement d’un livre (The Voyage of the Space Beagle de A. E. van Vogt et ses aliens également parasitaires) et de quelques scènes de La Planète des Vampires de Mario Bava. Sous la supervision de Ridley Scott, l’histoire se transforme à l’écran en une lente montée en tension ponctuée de soubresauts terrifiants et au service d’un climax final à couper le souffle. Une progression qui va prendre son temps, passant du fantastique et du merveilleux à une atmosphère claustro et angoissante, la partition de l’ultra-prolifique Jerry Goldsmith accompagnant parfaitement le large panel d’émotions traversées par le spectateur.

Un ordinateur central dans la veine du HAL 9000 de 2001, l’Odyssée de l’espace

Sur un canevas d’intrigue simple – des astronautes ramènent à leur insu dans leur vaisseau une créature extraterrestre qui va les massacrer un à un – le film va construire un univers que l’on sent immensément plus large que ce qui se déroule à l’écran, englobant l’origine de l’alien et du fameux Space Jockey, figure énigmatique trônant éventré  au centre du vaisseau échoué, et la société Weyland-Yutani qu’on imagine conglomérat tentaculaire et projection futuriste d’un capitalisme prenant l’humain pour valeur négligeable. Et cet univers ne serait rien sans les personnages s’y confrontant, ici tous bien loin de l’écriture bis qu’on verra par la suite réservée au genre fantastique. De cette microsociété isolée aux confins de l’univers, ressort immédiatement Ripley, figure de femme forte, souvenir d’une première version du script écrite pour un premier rôle masculin et conférant encore plus de mérite à Sigourney Weaver qui livre une interprétation et une vision de la féminité aux antipodes de celle des standards hollywoodiens. Malgré son petit côté « femme à chat » (on excusera la scène interminable de la recherche de l’animal), Riddley Scott en a fait le véritable alpha de la meuf bad ass sur grand écran.

Ripley, à la cool…

Devant le rendu sublime de la version bluray récemment sortie (ses noirs intenses, ses piqués haut de gamme), difficile de ne pas rester ébloui par le travail de mise en scène et de direction artistique… Chef décorateur à ses débuts – il a failli se retrouver chez Doctor Who – on connaît le goût du réalisateur pour les univers maitrisés de bout en bout, l’exemple de Blade Runner venant immédiatement à l’esprit. Sur le premier Alien, c’est un sans-faute et, pour mettre une claque visuelle indélébile aux spectateurs, Ridley Scott s’entoure d’une véritable dream team artistique : Moebius pour les costumes, Chriss Foss pour les designs des vaisseaux et, enfin, celui que tout le monde retiendra : H R Giger, artiste suisse bien barré, trop content d’avoir un blockbuster comme tremplin pour imposer au monde ses visions tordues, mêlant organique et mécanique, parfois littéralement (la créature possédant ainsi un véritable crâne humain).

Il faudrait peut-être songer à faire un truc…

En ressort le fameux xénomorphe et la menace extraterrestre n’a depuis jamais été paradoxalement si belle et cauchemardesque à la fois. Les réminiscences de la sexualité humaine plus ou moins subtiles traversant ses designs (le peintre avouera avoir littéralement pris pour modèle un vagin pour le système d’ouverture des œufs, histoire de se moquer des exécutifs un peu frileux), le scénario les reprend à son compte, leur opposant l’asexualité virginale d’une salle de réveil et les prolongeant dans un final en forme de rupture ombilical. Son Alien, le réalisateur décide de le dévoiler peu à peu, ménageant avec efficacité ses effets, le dissimulant même parfois dans le décor (la sublime première scène d’attaque). Un choix  qui sera un peu dénaturé par une version longue utilisant quelques plans larges sur la créature…

Surprise!

Devant une telle maîtrise et une telle réussite – le genre « menace alien et huit-clos » n’ayant toujours pas été dépassé – on peut comprendre le choix de James Cameron de trancher radicalement avec l’œuvre de son prédécesseur : son Aliens, lui, sera guerrier, ancré dans les codes visuels des films sur la guerre du Vietnam et transposera l’enfer sur une autre planète…

Critique par Alex B

BONUS : AFFICHE ALTERNATIVE

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