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Christine

Affiche du film "Christine"

© 1983 Columbia Pictures − Tous droits réservés.

En 1983, John Carpenter adapte à l’écran un roman de Stephen King. Après De Palma, Hooper, Kubrick ou Cronenberg, c’est un nouveau nom important du cinéma qui s’attelle à faire passer les mots de l’écrivain en images. Christine nous présente l’histoire d’un passage à l’age adulte, d’une émancipation. Arnie, jeune garçon timide et maladroit, entre en terminal avec son meilleur ami Dennis, beau gosse star de l’équipe de football du lycée. Arnie est enfermé dans un cocon familial aux parents castrateurs où le plus palpitant est d’essayer de mettre des mots érotiques dans les parties de Scrabble. Dennis annonce l’objectif à son ami pour cette nouveau année, c’est de ne pas arriver puceau à la fac.

© 1983 Columbia Pictures − Tous droits réservés.

Le film s’ouvre en 1957 sur une séquence quasi-muette rythmée par les musiques qui définiront Christine (la voiture/personnage). Nous découvrons sur la ligne d’assemblage où se trouve des voitures blanches, la Plymouth rouge. Nous assistons alors aux premiers méfaits de cette dernière. Nous retrouvons Christine en 1978 abandonnée. Arnie qui vient d’avoir une première journée difficile rentre chez lui en voiture en tant que passager de Dennis lorsque le pouvoir d’attraction de Christine fait son œuvre. La voiture est là depuis 6 semaines aux dires de son vendeur et pourtant elle semble en décomposition depuis des années. C ‘est là que commence réellement les enjeux du film puisqu’il se concentre sur les relations que sont la famille, l’amitié et l’amour.

© 1983 Columbia Pictures − Tous droits réservés.

Dans les quatre mois sur lequel le film se déroule, de la rentrée scolaire au réveillon du nouvel an, Arnie passe du petit binoclard raillé à l’homme sûr de lui qui va jusqu’à tenir tête à un policier ou lever la main sur son père. Christine donne à Arnie de la confiance en lui et ce n’est que lorsqu’elle a vraiment confiance en lui qu’elle lui montre qui elle est. Détruite par des loubards, Christine se reconstruit devant Arnie dans une scène marquante de strip-tease à l’envers. La voiture ré-enfile sa carrosserie sur une musique langoureuse de Carpenter. C’est à ce moment là que les deux deviennent liés véritablement. Christine qui commence ses actes par de simples jeux d’attraction (attirer l’attention de Arnie ou l’accident de Dennis) prend à ce moment pleine possession de ses pouvoirs comme si l’amour que lui confère son propriétaire la rendait plus forte. Ce qui explique son état lorsqu’ Arnie l’achète, sans propriétaire et sans amour elle ne peut être complètement elle-même. Le film de Carpenter prend des libertés avec l’œuvre originale comme par exemple la disparition du fantôme de l’ancien propriétaire qui apparaît dans le roman à Arnie sur la banquette arrière de la voiture. Les choix sont délibérés, Carpenter travaille autour de ses personnages et rend Christine autonome. Le talent de Carpenter opère entre autre par le fait que le spectateur est comme Arnie : fasciné par Christine.

© 1983 Columbia Pictures − Tous droits réservés.

La mise en scène est faite pour que l’on s’attache à l’histoire de Arnie et Christine et même si l’un comme l’autre ils deviennent tout du film de plus en plus moralement indéfendables, le spectateur souhaite la plupart du temps que leur idylle finissent bien malgré les meurtres ou l’accident de Dennis qui lui coûte sa carrière professionnelle. Au delà des partis pris de mise en scène, la musique de Carpenter travaille cette attraction. Une musique électro qui tranche avec les musiques rockabilly que Christine utilise pour « communiquer » et qui souligne aussi le côté électrique/mécanique du personnage à part entière.

© 1983 Columbia Pictures − Tous droits réservés.

Avant de conclure, nous pouvons évoquer le rouge qui est une couleur dominante du film. C’est le rouge dans ce qu’il évoque de plus traditionnel : l’amour, la passion et le sang. De la couleur de Christine à l’usine jusqu’au sang d’Arnie dans le final, en passant par sa veste qu’il porte principalement dans les scènes où il est le plus violent. Bref, vous l’aurez compris Christine est un sacré film, d’une maîtrise visuelle et musicale impressionnante, parachevé par la performance de Keith Gordon dans le rôle de Arnold Cunningham dont la métamorphose est électrisante. Big John avoue pourtant avoir des regrets par rapport à cette œuvre mais le métrage qu’il nous a livré figurera quoi qu’il arrive dans le top des meilleures adaptations de Stephen King pour encore « très » longtemps. Par Pierrick Lafond

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