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Détour Mortel

Affiche du film "Détour Mortel"

© 2003 DCP Wrong Turn Productions − Tous droits réservés.

Un accident paralyse totalement la circulation. Chris ne veut pas manquer son rendez-vous. Il quitte l’autoroute et s’engage dans un chemin de terre pour contourner l’embouteillage. Alors qu’il s’enfonce dans la forêt, il heurte une voiture bloquée au milieu de la route. Ses occupants partaient camper pour le week-end lorsque les pneus ont étrangement éclaté.
Le groupe va chercher de l’aide et trouve une cabane. En pénétrant à l’intérieur, le soulagement laisse vite place au cauchemar. Tétanisés par l’horreur de ce qu’ils découvrent, ils n’ont pas le temps de fuir que les occupants arrivent…

Détour Mortel, ou… « La Forêt A Des Yeux » ! Impossible en effet de ne pas faire le rapprochement avec le génialissime La Colline A Des Yeux de Wes Craven réalisé en 1977 ou encore le Massacre A La Tronçonneuse de Tobe Hooper de 1974. Curieux croisement entre les deux, Détour Mortel fait partie de ces films qui ont remis au goût du jour les rednecks difformes et consanguins au cinéma, et ce, bien avant Alexandre Aja (le remake de La Colline A des Yeux, justement) et Greg McLean (Wolf Creek).

En s’appropriant le concept d’êtres apparemment génétiquement modifiés et avides de chair humaine, Rob Schmidt (Crime + Punishment, American Heroes) nous livre un petit film personnel qui propose une relecture intéressante du mythe initié par Hooper et Craven il y a plus de vingt ans. Malheureusement, le film pêche par un manque de profondeur scénaristique et quelques longueurs qui sabrent le rythme narratif que l’on aurait souhaité plus trépidant ; de fait, la magie n’opère jamais vraiment et l’on reste sur sa faim. Les personnages sont une fois de plus bien propres et lisses, les dialogues creux et caricaturaux et les interactions transparentes et prévisibles. Comme toujours, l’on retrouve les clichés de base du film de genre : un couple de toxicos excentriques et son exact contraire, un couple d’intellectuels gentillets ; et, bien sûr, le beau gosse insipide et la bombe sexuelle caractérielle qui, quelle surprise, finiront ensemble à la fin du film. Difficile donc de se sentir concerné par les mésaventures de ce petit groupe hétérogène dans ces conditions-là, et l’on se surprend même à pousser un soupir de soulagement lors de la brutale disparition de certains d’entre eux (notamment cette conne de Carly, exaspérante de son apparition jusqu’à sa mort). Dommage, dommage…

Heureusement pour nous, Détour Mortel parvient à s’éloigner des sentiers battus grâce à la transposition de codes désormais bien connus depuis les deux œuvres citées en introduction dans un cadre original qui peut bien évidemment faire penser à celui de Délivrance de John Boorman (1972). La forêt, lieu imprévisible de toutes les incertitudes et propice à toutes les rencontres, et surtout les plus inopportunes, va s’avérer être le théâtre de crimes sanglants et de courses-poursuites désespérées. Les mises à mort des différents protagonistes du film sont toutes assez cocasses et réjouissantes (la strangulation au fil barbelé) mais, en dépit de tous ses efforts pour instaurer une ambiance glauque et angoissante, Détour Mortel ne fait jamais mouche et nous laisse pour le moins indifférent à son étalage de scènes gore pourtant très réussies.

Certaines de ces scènes sont par ailleurs assez ridicules et irréalistes, notamment le crapahutage dans les arbres où les personnages révèlent soudainement leur habilité de chimpanzés et piègent bien trop facilement des êtres plus proches de l’animal que de l’homme, qui plus est censés avoir toujours vécu loin de la civilisation et donc détenir une longueur d’avance sur ces pauvres citadins pris en chasse. D’autres encore auraient pu être plus efficaces si les comportements absurdes des protagonistes ne venaient pas les saboter vulgairement, détruisant ainsi toute possibilité de suspense par anticipation. Malgré tout, l’on ne s’ennuie jamais dans ce long-métrage pétri de références toutes très agréables pour le cinéphile nostalgique (d’ailleurs, l’un des personnages mentionne le film Délivrance à un moment donné), les confrontations récurrentes entre les « monstres » et les héros témoignant d’un certain amour pour le cinéma de genre que Rob Schmidt parvient à nous communiquer en toute sincérité.

Au final, nous avons là un film qui a devancé les films d’horreur contemporains auxquels l’on pourrait être tenté de le comparer en réinterprétant des concepts vieux comme Erode à la sauce vingt et unième siècle, projet aussi intéressant qu’hélas inabouti. Malgré son déséquilibre narratif et ses nombreuses failles scénaristiques, Détour Mortel reste un bon divertissement, honnête et à la réalisation plus que correcte, qui ravira les fans de survival à l’ancienne comme les nouveaux venus à la recherche de films fun & gore.

Par Emmanuelle Ignacchiti

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