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Devil

Affiche du film "Devil"

© 2010 Universal Pictures − Tous droits réservés.

Sortie : 21 Avril 2011

Un groupe de personnes coincé dans un ascenseur réalise que le Diable se trouve avec eux…

Après ses dernières déconvenues cinématographiques qui lui ont fait perdre la sympathie et l’affection de nombreux fans qu’il avait accumulé depuis Le Sixième sens, M. Night. Shyamalan a décidé de mettre son égo de côté et d’inaugurer sa propre société de production où ses propres scénarios vont être mis en images par les réalisateurs débutants acquis à sa cause. Aux côtés de Media Right Capital, il a donc créé les Night Chronicles. Chaque année, durant trois ans, il écrira un thriller que réaliseront d’autres réalisateurs. Shyamalan sera également producteur de ces films. Selon lui « Travailler avec la prochaine nouvelle vague de réalisateurs va m’apprendre beaucoup de choses que je pourrais ensuite apporter à mes propres réalisations. »

Il est vrai qu’après le très décevant Phénomènes où Shyamalan avait battu les records de mollesse et d’inefficacité, on appréhendait ce Devil avec deux sentiments distincts : d’abord l’espoir, celui de retrouver  le réalisateur qui nous a fait rêver avec Sixième Sens mais aussi la méfiance, une sorte de “on ne m’y reprendra plus”. Mais on doit au moins reconnaitre à Shyamalan l’honnêteté relative dont il fait preuve ici en s’effaçant au profit de son réalisateur comme pour dire à la face du monde qu’il a compris et qu’il se recentre sur ce qui l’avait fait connaitre à ses débuts : le film fantastique pur et dur.

En effet, finis les délires écologiques ou les adaptations ratées : avec Devil, on revient à l’essentiel, à la peur, au huit-clos, tout du moins en apparence. Il est vrai que dernièrement, les films-concepts sont très à la mode avec Buried ou Rubber par exemple où toute l’histoire repose sur une idée toute simple, et où tout le film repose non plus sur une histoire complexe, mais sur une mise en scène et une construction de l’action suffisamment rythmée pour ne pas perdre le spectateur en route. On doit aussi être capable de raconter une histoire, même avec un Pitch simpliste à la base et de nous amener en dehors de ce huit-clos étouffant.

Si on se réfère à ces conditions, Devil remplit pleinement son contrat. La mise en place du film, après un générique renversant, se fait de la plus belle des manières et on entre peu à peu dans l’univers qui commencera à nous être famillier pendant 1h30. Le suspense passe par l’introduction des personnages qu’on nous présente brièvement afin de laisser un brin de mystère sur leurs motivations et leurs zones d’ombres. Et au lieu d’opter pour le huit-clos perpétuel, Dowdle choisit de s’intéresser à qui se passe autour de l’évènement principal du métrage. Ceci est de bon augure, car on imagine assez mal comment le film aurait pu s’en sortir sur 1h30 de face à face entre les 5 protagonistes coincés dans l’ascenseur, bien que le défi aurait été intéressant à relever. Mais les personnages sont ici bien trop bâclés et pas assez approfondis pour pouvoir s’appuyer totalement sur eux ( mis à part le flic et l’ancien soldat qui s’en sortent pas si mal ). Certaines interprétations ( notamment le Mexicain de la sécurité ) sont bien trop poussives pour être crédibles et montrent à quel point les réalisateurs veulent à tout prix insister sur le côté explicatif, quitte à parfois prendre les spectateurs pour des idiots qui ne saisiront rien du film si on ne leur mâche pas le travail.

Devil est en réalité un petit conte fantastique qui n’a pas la prétention d’apporter grand chose à l’édifice du cinéma fantastique, juste une variation sur le thème du Diable, sur sa véritable origine et sur la capacité de l’être humain à la rédemption. Le film aurait pu totalement plaire si la dernière demie-heure n’avait pas autant versé dans la morale à outrance, un peu de nuance aurait été bienvenue surtout avec un sujet aussi glissant qui repose uniquement sur le “j’y crois, j’y crois pas”.

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Film de possession, woodunit, thriller à suspense, comédie involontaire… Devil pose là ses nombreuses ambitions, raconter un conte surnaturel en faisant intervenir le diable au sein du quotidien, dans l’espace calfeutré d’un ascenseur, bloquant cinq personnes au beau milieu d’un immeuble moderne.

Pourtant, Devil n’a pas grand chose pour lui… Le film de John Erick Dowdle débute néanmoins sous les meilleures auspices, avec une introduction impressionnante : une envolée de la baie de Philadelphie, la tête à l’envers, accompagnée d’une musique percutante, créant d’ores et déjà une sensation de malaise ambiant. A cela s’ajoute une présentation efficace des personnages par le biais d’un plan séquence virtuose… le film part sur d’excellentes bases.

Malheureusement, la suite est beaucoup moins réjouissante.

Même si le postulat de base semble appétissant, le scénario sombre rapidement dans l’absurde. Les motivations des protagonistes, leurs réactions sont toutes plus ridicules les unes que les autres. La caractérisation des cinq prisonniers est bien trop caricaturale et dans le même temps esquissée à la truelle pour favoriser l’empathie du spectateur. Et que dire du personnage du gardien latino catholique, caution explicative du métrage et de celui du policier, héros dont le trauma vu et revu des milliers de fois ressurgit, asséné tant aux personnages qu’aux spectateurs avec une telle lourdeur, qu’on a pitié pour le réalisateur, son scénariste et surtout son producteur et initiateur de l’histoire M. Night Shyamalan. Un traumatisme qui se trouve pourtant au centre même du dénouement de l’intrigue et qui porte la griffe du cinéaste de Sixième sens. La morale à connotation religieuse est en ce sens une nouvelle fois particulièrement plombante…

Le jeu des acteurs approximatif, pas aidés il faut le dire par des dialogues faiblards, achève de faire de Devil un beau gâchis.

Par Nicolas M.

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