Diary of the Dead: Chroniques des morts-vivants

Diary of the Dead: Chroniques des morts-vivants (2007)

  • Titre original: Diary of the Dead
  • Note
    6/10
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    Des étudiants en cinéma tournent, dans une forêt, un film d'horreur à petit budget, lorsque la nouvelle tombe au journal télévisé : partout dans le pays, on signale des morts revenant à la vie.Témoins de massacres, de destructions et du chaos ambiant, ils choisissent alors de braquer leurs caméras sur les zombies et les horreurs bien réelles auxquels ils sont confrontés afin de laisser un témoignage de cette nuit où tout a changé.

    Des étudiants en cinéma tournent, dans une forêt, un film d’horreur à petit budget, lorsque la nouvelle tombe au journal télévisé : partout dans le pays, on signale des morts revenant à la vie. Témoins de massacres, de destructions et du chaos ambiant, ils choisissent alors de braquer leurs caméras sur les zombies et les horreurs bien réelles auxquels ils sont confrontés afin de laisser un témoignage de cette nuit où tout a changé.

    Après avoir mis un terme à sa saga Of The Dead en 2004 avec la « bombe Universal » Land Of The Dead, George A. Romero décide trois ans plus tard de tout reprendre à zéro, soit au moment crucial où les premiers morts se sont mis à marcher pour dévorer les vivants. Cette relecture moderne de son film culte de 1968, Night Of The Living Dead, s’applique en outre à tenir compte de tous les éléments notables qui ont transformé le visage de la société contemporaine depuis les Sixties et propose une réflexion bien sombre sur l’impact social des nouveaux médias, avec l’arrivée d’Internet en tête de liste.

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    La célèbre invasion zombiesque qui fit la renommée du réalisateur de Pittsburgh se trouve donc entièrement remise au goût du jour, premièrement par le choix de la caméra subjective, utilisée à la manière d’un [Rec] – par ailleurs sorti la même année – ou d’un Cloverfield. Si un tel procédé stylistique comprend l’avantage de proposer une immersion plus intense, plus « directe » au spectateur, il s’avère malheureusement plutôt mal géré dans Diary Of The Dead avec parfois des situations peu crédibles – le type qui préfère filmer ses amis en train de se faire bouffer plutôt que de leur venir en aide – et quelques maladresses ponctuelles au niveau du point de vue. Certes la caméra subjective vise ici à illustrer formellement le propos tenu par Romero tout en offrant une alternative de visionnage intéressante pour son public, mais le film aurait néanmoins gagné à être tourné de manière « classique », car son léger manque de maîtrise en la matière a parfois tendance à décrédibiliser un peu le réalisme sur lequel mise ce premier volet d’une toute nouvelle saga Of The Dead.

    Mais le fait est que la caméra se trouve avant tout être l’avatar d’une société désignée comme étant en proie à son environnement technologique, entre pulsion voyeuriste et désir d’apporter sa pierre à l’édifice humain. Ce que Romero dénonce ici, ce sont les nouvelles pratiques popularisées grâce au progrès multimédia, dont la possibilité quasi-illimitée – davantage démontrée comme un besoin hautement addictif dans le film – de faire connaitre au monde entier sa propre perception de la réalité, via Internet et sa pléiade de réseaux de partage universel. Ainsi les personnages ne peuvent-ils à aucun moment s’empêcher de filmer les évènements, aussi tragiques soient-ils, qu’ils sont contraints de vivre depuis que les morts sont sortis de leur sommeil éternel pour semer le chaos sur Terre. Comme toujours, la vision du réalisateur autant connu pour son goût immodéré de l’horreur que pour ses satires au vitriol s’avère fort intéressante et bien approfondie, et nombreuses sont les répliques qui portent à réfléchir (« Si ça n’a pas été filmé, c’est que ça n’a pas existé… ») tout en s’inscrivant dans la narration de manière incisive par l’intermédiaire de la voix off, par ailleurs un peu trop présente et peut-être un brin moralisatrice. Selon Romero, l’on ne vit pas dans la même réalité selon que l’on se trouve devant ou derrière la caméra ; cette idée se trouve théorisée dans l’intégralité du film via le comportement des différents protagonistes. La désinformation totale opérée par les médias ainsi que le travestissement de la vérité sous la multiplicité des points de vue sont quelques-uns des nombreux thèmes abordés avec beaucoup de finesse par Diary Of The Dead.

    Mais qu’en est-il des zombies, au juste ? Moins présents que dans Land Of The Dead, qui était davantage orienté « action », ils ne sont au final qu’un prétexte – au sens mélioratif du terme – pour explorer les réactions de chacun face à l’avènement de l’apocalypse. Les zombies servent en quelque sorte de « décor » au sein duquel les personnages sont voués à évoluer sous l’œil affûté du sociologue Romero dont tout l’intérêt est ici centré sur les moyens auxquels ils vont recourir pour tenter de survivre à une succession de situations désastreuses. Greg Nicotero toujours à la barre, les effets spéciaux sont une fois de plus absolument superbes, et le film ne lésine pas sur les scènes gore et des mises à mort toujours plus fun (haaa le défibrillateur !). On sent que le réalisateur et son deuxième directeur SFX-maquilleur attitré se sont vraiment fait plaisir en allant toujours plus loin dans la barbarie et le second degré mais globalement, le film reste quand même moins gore que les précédents opus (Day et Land Of The Dead en tête).

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    On peut également noter quelques petites autoréférences assez bien amenées : le zombie dans l’hôpital qui se lève de son brancard et fait tomber toutes ses tripes par terre comme dans Day Of The Dead ; le plan sur une femme-zombie qui pousse son caddy devant un supermarché comme dans Dawn… Le réalisateur a également pris l’initiative fort réjouissante pour les fans de faire intervenir de nombreux acteurs et cinéastes en caméos par l’intermédiaire de témoignages de journalistes audio et vidéo (Tom Savini, Simon Pegg, Quentin Tarantino et Guillermo Del Toro, entre autres). Enfin, Diary Of The Dead en profite pour envoyer quelques petites piques bien senties sur la perspective ridicule de donner à voir des zombies qui courent, peut-être lancées à Zack Snyder qui commit l’Irréparable dans son remake de Dawn Of The Dead ? Difficile de savoir, mais une chose est sûre : les puristes apprécieront que le Master du genre ait pris le soin de rétablir l’ordre des choses…

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    En dépit de ses indéniables qualités et de toutes ses bonnes intentions, il manque un petit quelque chose à Diary Of The Dead pour s’ériger au niveau de ses illustres prédécesseurs… De la rage peut-être ?  Davantage de profondeur ? Peut-être un peu des deux, mais il est vrai que la superficialité des personnages, par exemple, rend l’identification du spectateur assez délicate, pour ne pas dire complètement vaine. Les personnages sont de jeunes étudiants en cinéma plutôt quelconques et sans réel trait distinctif interprétés par des acteurs pas vraiment inoubliables ; on est donc bien loin de la présence imposante d’un Duane Jones ou d’un Ken Foree… Mais le problème n’est pas là, non, ce qui fait défaut à Diary Of The Dead, ce qui fait que l’on peut être déçu du résultat quand on s’apprête à assister au retour aux origines du Mal de notre réalisateur préféré, c’est la différence considérable d’impact qui existe entre ce film et les trois premiers volets de la saga Of The Dead, surtout comparé à Night, dont Diary se veut l’équivalent. Peut-être est-ce tout simplement la conséquence inévitable d’une mise en scène un peu trop consensuelle qui, en s’inscrivant pleinement dans son époque, rompt quelque peu le charme « à l’ancienne » de ses premiers films… Le résultat final s’avère ainsi beaucoup moins percutant, moins beau aussi, le travail sur la photographie n’atteignant jamais vraiment le niveau d’excellence d’un Dawn ou d’un Day Of The Dead.

    George Romero's Diary Of The Dead

    Diary Of The Dead, s’il ne joue pas dans la même cour que ses aînés, s’avère être un excellent divertissement, aussi violent que posé, et qui a le mérite de reprendre le commencement de la saga Of The Dead avec beaucoup d’inventivité et un regard toujours aussi réaliste sur les travers d’une société en voie d’extinction. Réflexif et captivant sans pour autant être un chef-d’œuvre, voilà ce qui définit le mieux ce nouvel opus zombiesque. A bon entendeur…

    Par Emmanuelle Ignacchiti

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