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Feast

Affiche du film "Feast"

© 2005 Maloof Motion Pictures − Tous droits réservés.

« Dans un bar perdu au fin fond du Texas la soirée se déroule paisiblement quand brutalement la nuit tourne au cauchemar. À quelques pas de là, des créatures mutantes, affamées, se sont échappées d’une base de recherche militaire et elles ont faim de chair humaine… »

Lauréat du projet Greenlight, sorte de téléréalité du cinéma produite par Ben Affleck et Matt Damon, Feast est le premier long-métrage de John Gulager, qui signe là un film de monstres où l’action, l’humour et l’horreur se côtoient habilement.

Ce huis clos gore (qui n’a coûté que 3 millions de dollars !) n’est pas sans rappeler le jouissif Une nuit en enfer de Robert Rodriguez avec un soupçon de Shaun of the Dead, l’humour anglais en moins. Le spectateur appréciera, à la place, le côté pouilleux de l’Amérique profonde et de ses cow-boys du même métal !

Parmi un panel d’acteurs bien choisis et cinglés comme il faut, on retrouve évidemment celui qui va devenir l’acteur fétiche du réalisateur, son père Clu (The Return of the Living Dead), le mythique Jason Mewes (Jay dans les films de Kevin Smith) et le polymorphe Henry Rollins (chanteur, compositeur, écrivain, producteur…) totalement à contre-emploi dans son rôle de coach propre sur lui. Attention, l’entraîneur de combat de rue du jeu vidéo Def Jam Fight for NY endosse ici les habits d’un expert en développement personnel et est l’auteur d’une des meilleures répliques de Feast, si ce n’est de la meilleure réplique de l’histoire des films de monstres…

La distribution s’articule autour de figures stéréotypées, mais savamment dirigées par un réalisateur qui aime bousculer les conventions. Jamais là où on les attend, les personnages sont nommés par leurs caractéristiques (cf. « le gars en fauteuil roulant ») et brillent par leur persévérance et leur outrance. Le must : John Gulager renonce radicalement au politiquement correct et s’amuse ouvertement des bons sentiments. Les monstres, limite protozoaires, n’ont quant à eux que deux obsessions : la chair humaine et le sexe. Cette libido débordante et dévorante fait d’ailleurs l’objet de scènes cultes et de plaisanteries bien grasses que l’on n’est pas prêt d’oublier.

Malgré une mise en scène en peu « brouillonne » empêchant parfois le spectateur de comprendre ce qu’on lui sert, Feast parvient à le scotcher en multipliant les gags et les surprises. Car ce film séduit aussi et surtout par son épatante imprévisibilité. Ne vous amusez pas à parier sur l’ordre de disparition des protagonistes, au risque de vous prendre une grosse claque et de réaliser que le pro des films d’horreur que vous êtes peut encore se tromper. Aussi grotesque (au sens strict du terme) soit-il, Feast a la puissance de ces objets cinématographiques taillés pour surprendre, qualité rare de nos jours.

Au final, Feast est une série B comme on les aime, un excellent splatter qui n’a étrangement pas rencontré le succès en salle aux États-Unis (il n’est pas sorti ailleurs !). Il se rattrape néanmoins sur le marché du DVD où le bouche-à-oreille a rempli sa mission : les inconditionnels du genre y ont reçu leur dose de gore et de franche rigolade.

Critique par Adèle

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