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Freddy – Les griffes de la nuit (2010)

Affiche du film "Freddy - Les griffes de la nuit"

© 2010 New Line Cinema − Tous droits réservés.

Remake produit par Michael Bay et Platinum Dunes, ce « Freddy – Les Griffes De La Nuit » version 2010 suit une petite bande de teenagers traqués puis assassinés dans leurs rêves par un boogey-man au look de très grand brûlé. Au fil des meurtres, les survivants vont découvrir l’histoire de Freddy Krueger, pédophile brûlé vif par leurs parents et revenu d’outre-tombe pour exterminer la progéniture de ses bourreaux.

Ce qui frappe d’emblée dans ce film, si l’on se risque à une comparaison avec l’original, c’est cet écart vertigineux entre les adolescents représentés. C’est la crise mes amis. Là où dans l’original, Nancy était une petite meuf bien sa peau, maqué à un Johnny Depp tout juste pubère et sa copine Kris pouvait s’éclipser pour une séance de sport de chambre avec son bad boy de petit ami, le remake n’est peuplé que de jeunes gens tristes, mornes, asexués et peu expressifs. Tout le monde est seul ou vient de rompre et Nancy bosse dans un Diner miteux et repère blafard des jeunes de son quartier. Ca fait rêver (huhu)

Au delà de al vacuité des personnages, le principal défaut de ce remake est tenu par l’absence de l’idée sous-jacente qui faisait la force de l’original : le premier « Nightmare On Elm Street » jouait sur la perversité et les conséquences de l’hypocrisie supportant les vies insouciantes de ses jeunes banlieusards. Freddy apportait une réponse castratrice et sanglante aux pulsions de ses adolescents. Or la version 2010 nous les présente comme subsistant déjà à côté de leur vie et de leurs sensations, cloitrées dans leurs solitudes respectives et voire déjà complètement blasés. L’explication de ce comportement par les actes pédophiles subies dans leur jeunesse et miraculeusement oublié par tous n’est pas très subtile et semble aussi anesthésier tout élan de progression ou passage à l’âge adulte chez les personnages. Cela vaut surtout pour Nancy, devenue insipide sous les traits de Rooney Mara, la Lisbeth Salander du Millenium de David Fincher. Et le scénario de ce remake n’arrange rien, il la faisant passer pour un rôle secondaire au début du métrage. C’est en effet Kris (devenue ici frigidaire option machine à larmes dans cette nouvelle version), via une écriture maladroite et sabordée par le tournage d’une nouvelle séquence après les premiers screen-test, qui porte l’intrigue dans les premières bobines avant de se faire dézinguer.

© 2010 New Line Cinema − Tous droits réservés.

Pour le reste du casting : dommage que Kyle Gallner – gros potentiel de la dernière saison de « The Shield » –  s’enferme un peu plus dans le rôle de l’ado un peu émo déjà vu dans « Jennifer’s Body ». Connie Briton (la femme forte du coach de « Friday Night Light « ) reprend ici le rôle de la mère de Nancy. Le traitement de ce personnage est, là aussi, incroyablement plus light que dans l’original où Nancy, en plus de lutter contre le croquemitaine, se voyait aussi confronté à une figure maternelle de plus en plus pathétique dans sa négation de la réalité. Ici, des deux côtés, fille comme mère, un mensonge entrainant une dizaine de meurtres n’entame pas tellement les relations familiales. Enfin, concernant Freddy Krueger, Jackie Earl Haley est très loin de la figure flippante, dégueulasse et quasi-muette introduite par Robert Englund dans le premier épisode. Les intentions de Platinum Dunes de présenter un personnage encore plus terrifiant ne se réalisent jamais et le boogey-man se fend même de quelques blagues carambar digne d’un Freddy 6. Ses meilleures scènes sont d’ailleurs celles où il apparaît sans maquillage lors de flashbacks suivant la genèse du personnage.

© 2010 New Line Cinema − Tous droits réservés.

Ce remake passe aussi complètement à côté du potentiel flippant de ses séquences oniriques. Ou trouve seulmeent quelques subtilités de scénario ou de mise en scène suggérant le lent glissement de la réalité vers le cauchemar. Le réalisateur, quitte à ne rien faire, aurait pu s’inspirer du travail extraordinaire de Wes Craven à l’époque : le discours flippant du prof quand Nancy s’endort en classe, le silence surnaturel pesant sur le cauchemar de Kris (ici on a un chien qui hulule, la blague), ces quelques détails qui faisaient entrer le spectateur dans une autre dimension et construisait toute la tension jusqu’à l’éventuelle mise à mort sont ici zappés au profit d’une réalisation clipesque et trop tape à l’œil. Le réalisateur expédie ici ses versions des scènes cultes tel des passages obligés mais à l’impact complètement annihilé par la production globale. Ainsi, le CGI montrant la silhouette du griffu sortir du mur de la chambre de Nancy au début du film fait ici juste pitié, là où elle était censée assoir la menace sourde se rapprochant de Nancy.

Avec sa tonne de clips et de pubs à son actif et le Smell Like Teen Spirit de Nirvana comme premier coup d’essai, Samuel Bayer avait, il est vrai, tout du parfait réalisateur yes-man sans âme. Wes Craven avait pourtant été bien servi jusque là et les remakes de ses « Colline a des Yeux » et « Dernière Maison Sur La Gauche » surpassaient les originaux. Ici , on a un relifting beaucoup moins réussi pour son œuvre phare. Ni fun, ni flippant, ce « Nightmare On Elm Street » version 2010 est un film de producteur sans substance ni intérêt. Un bon ratage qui risque bien de connaître une suite, son succès au box-office US justifiant que l’on prolonge un peu plus l’ennui.

Par Alex B

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