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Giallo

Affiche du film "Giallo"

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« Giallo ». Avec un tel titre, on était en droit d’espérer que le grand Dario Argento allait, avec ce film, revenir aux sources de son savoir-faire, après de nombreuses années d’errance dans le paysage cinématographique horrifique. Son dernier film réussi ? Sûrement l’ambitieuxSyndrome de Stendhal (1996), voire Le Sang des Innocents (2001) si on veut être tolérant… Mais combien d’incompréhensibles bouses entre temps et depuis lors : Le fantôme de l’opéra (1998), La troisième mère (2007), et combien de dérives télévisuelles, les fadasses Card Player (2004) et Aimez-vous Hitchcock ? (2005), pour de raisonnables mais limités Jennifer (2005) et Pelts (2006), de la série Masters of Horror

Bref, une trop longue divagation pour cet artiste, un errement d’autant plus incompréhensiblequ’Argento était il y a encore quelques années l’un des plus importants réalisateurs du cinéma fantastique et traditionnel, l’un des formalistes les plus réputés depuis les années 70.

Argento continue de creuser…

Alors, Giallo, retour aux sources de l’inspiration et de la maîtrise cinématographique ? Malheureusement, absolument pas. Et Argento lui-même semble d’ailleurs nous en faire part :« vous vous attendiez à un retour de ma part, que nenni ! Je continue à creuser ma tombe artistique !!! » Ainsi, l’ouverture de Giallo nous plonge dans les travées d’un opéra, lieu de spectacle récurrent des oeuvres du metteur en scène (Opéra, Les Frissons de l’angoisse, le Fantôme de l’opéra). Deux touristes japonaises s’apprêtent à y assister à une représentation, avant que l’une des deux ne fasse part de son ennui. Résultat, direction : une bonne grosse discothèque bruyante de Turin ! Voilà une belle note d’intention de la part du réalisateur !

Et en effet, loin d’un retour à son inspiration d’antan, Argento déroule devant nos yeux ébahis une série B filmée comme un téléfilm allemand, avec un sens du cadrage tout bonnement absent (mais où est donc passée la puissance évocatrice de la mise en scène du maestro italien…), lorgnant davantage vers le “torture-porn” que le véritable giallo. A ce titre, les scène de meurtres, dénuées de tout le sens esthétique qui faisait auparavant la richesse des films d’Argento, se succèdent, gratuites, vulgaires (le tueur qui urine dans son lavabo), dans un soucis “gore-craspec”, quant elles ne sont pas carrément hors champ.

Une tension quasi nulle

L’intrigue, quant à elle, est d’un classicisme éprouvé, conviant tout de même quelques clins d’oeil à la filmographie du réalisateur, mais trouvant tout de même le moyen de présenter des failles béantes dans la narration, signe que le film a du souffrir d’un montage perturbé…

Un mot sur les acteurs, Adrien Brody est fantomatique dans son rôle d’inspecteur mystérieux,sur-jouant la moindre expression, quant à Emmanuelle Seigner, elle traverse elle aussi le film sans être réellement dirigée.

Si la tension est quasi nulle, la résolution de l’enquête finira d’achever les plus fidèles défenseurs d’Argento. Le tueur, ridicule tant sur le plan physique que dans ses motivations profondes, est un beau symbole de ce qu’est devenu aujourd’hui le cinéma d’Argento : une abomination cinématographique malade, qui tente par tous les moyens de retrouver sa splendeur passée, mais qui termine vautrée six pieds sous terre…

Par Nicolas Mouchel

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