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Grave

Affiche du film "Grave"

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Un film de genre français ? Et réalisé par une femme ? Voilà qui ne court malheureusement pas les salles obscures, le dernier représentant en date étant le très décevant « Evolution » de Lucile Hadzihalilovic en 2015. Alors ce « Grave » nous donne-t-il envie de crier cocorico ou de tordre le cou du cinéma de genre hexagonal ?

La référence animale est voulue puisque il en est notamment question dans ce premier film de Julia Ducournau , la jeune réalisatrice plantant ses caméras dans une école vétérinaire qu’intègre Justine, la sœur cadette et surdouée d’Alexia, déjà en seconde année de ce même établissement. La première partie du métrage s’intéresse au bizutage subi par les nouveaux admis, avec son lot d’humiliations et d’épreuves plus ou moins avilissantes. Filmées d’une manière réaliste propre à retranscrire le malaise lié à ce phénomène, ces séquences tendent à être parfois complaisantes tant elles trainent en longueur sans jamais vraiment faire avancer l’histoire. Au bout de longues minutes la réalisatrice arrive enfin à susciter notre intérêt puisque qu’un des rites initiatiques va avoir des conséquences sur l’héroïne qui se découvre un appétit aux antipodes de ses convictions végétariennes et aux répercussions dramatiques sur sa vie et celle de ses proches.

Julia Ducournau décline alors son étude sur l’éveil des sens puisqu’en plus du thème de l’appétit grandissant pour la chair est mis en parallèle celui pour le sexe, une comparaison déjà largement (et mieux) utilisée dans le très beau « Trouble every day » de Claire Denis.  La jeune Garance Marillier est ici remarquable dans son rôle d’adolescente confrontée à la découverte abrupte et douloureuse d’une partie de son inconscient, et de son corps, qu’elle ne soupçonnait pas. A la fois fragile, sauvage et sensuelle, elle porte véritablement le film dans ses moments les plus faibles. Et ceux-ci sont malheureusement trop nombreux pour que l’on parle d’une première œuvre aboutie. Le film de Julia Ducournau ne possède pas la beauté formelle et l’évanescence mortifère propre à celui de Claire Denis ou encore la puissance du « Dans ma peau » de Marina de Van. Pire, il multiplie à outrance les pistes scénaristiques inabouties et on a l’impression un peu désagréable d’assister à un mélange des genres mal digéré (horreur, teen movie, drame familial…). S’ajoute à cela une caractérisation des personnages parfois très embarrassante, comme en témoigne le personnage du colocataire gay complètement à côté de la plaque.

Malgré ces défauts, « Grave » reste une œuvre attachante possédant une atmosphère singulière et une mise en scène souvent maitrisée, capable de proposer de bons moments de cinéma de genre au sein desquels l’humour noir trouve une place salutaire (on pense notamment à la savoureuse scène du doigt qui a fait tourner de l’œil de quelques spectateurs du TIFF). Quant à l’envie forcément louable de Julia Ducournau de proposer un cinéma horrifique viscéral, elle ne peut qu’être saluée même si le résultat sur pellicule tient plus d’un patchwork de bonnes intentions non concrétisées qu’à la naissance de l’héritière de Cronenberg.

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