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Kaidan. Histoires étranges de fantômes japonais

Affiche du film "Kaidan. Histoires étranges de fantômes japonais"

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“Kaidan : Histoires Etranges de Fantômes Japonais” fait partie des deux documentaires présentés à la dernière édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, au côté de “Sharksploitation”. Le film, réalisé par le documentariste Yves Montmayeur, avait auparavant été présenté au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg et est déjà annoncé dans d’autres festivals internationaux. À l’origine de plusieurs documentaires consacrés à la production cinématographique nippone, de
Myazaki au cinéma érotique, Yves Montmayeur s’intéresse cette fois-ci au Kaidan, ces histoires japonaises de fantômes.

C’est une séquence montrant une photographe et médium japonaise explorant une école abandonnée, dans laquelle il est dit que le fantôme d’une femme apparait dans les toilettes, qui ouvre véritablement le film. Ce parti pris surprenant n’est évidemment pas un hommage à la série Ghost Hunters ; il annonce le traitement, dans le documentaire, des histoires de fantômes comme un fait socio-culturel global, au-delà du seul cinéma, et constitue un lien avec le thème de l’apparition de fantômes sur les photographies. Ce sont ces mêmes photographies dévoilant des fantômes, parfois fragmentaires, qui sont en effet évoquées lorsqu’il est question du film qui a changé l’histoire de la J-Horror : Ring de Hideo Nakata (1998). Ring a en effet constitué un point de bascule puisqu’il a mis le cinéma de la J-Horror sur le devant de la scène en dehors du Japon, ouvrant la voie à d’autres films d’horreur japonais et de nombreux remake américains.

À travers plusieurs interviews, dont celle de Hideo Nakata, Kaidan revient sur la création du film, sa réception au Japon et l’origine des éléments qui ont contribué à son succès. (couleur du costume, longs cheveux cachant le visage ou mouvements corporels du personnage de Sadako). Ring constitue une porte d’entrée dans le documentaire puisque ce dernier s’intéresse ensuite à tout un pan de la production cinématographique japonaise, évoquant d’autres films emblématiques de la J- Horror mais aussi ceux qui l’ont précédé. Là encore, les excellentes interviews de réalisateurs ou de scénaristes japonais et les extraits présentés s’avèrent passionnantes pour qui s’intéresse à l’histoire du cinéma ou souhaite découvrir des films peut être plus confidentiels que Ring ou Ju-on.

Yves Montmayeur privilégie dans son documentaire une approche thématique et arborescente plutôt qu’un seul traitement chronologique des histoires de fantôme au Japon. Car Kadai n’est pas seulement un documentaire consacré aux films de fantômes japonais. Il revient aussi de manière plus générale sur la place des histoires de fantôme dans la société et la production culturelle nippone, ce qui en fait toute la force et l’intérêt. La plupart des personnes interviewées, cinéastes, actrices ou artistes évoquent ainsi leurs rapports personnels avec ces histoires de fantômes, qu’ils ont entendus ou même aperçus.

Ce ne sont pas simplement des légendes urbaines mais aussi des histoires qui s’inscrivent dans des pratiques culturelles locales. Surtout, Yves Montmayeur fait le lien dans son documentaire entre la production cinématographique, le théâtre Kabuki, le théâtre Nô, la danse Butõ ou encore le manga horrifique. Des sujets traités à l’esthétique de représentation des fantômes ou aux mouvements flottants du corps, c’est tout un univers qui se répond.

Par Camile V.

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