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La Horde

Affiche du film "La Horde"

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L’histoire : Parce que leur collègue a été sauvagement tué par une bande de malfrats, quatre flics montent une opération de choc pour se venger. Armés jusqu’aux dents et menés par la haine, ils prennent d’assaut un vieil HLM désaffecté perdu dans la banlieue parisienne. Mais rien ne se passe comme prévu, et bientôt, les deux clans vont faire face à un ennemi commun, aussi incompréhensible que terrifiant…

Si il y a un film que j’attendais en 2010, c’était bien celui-ci. En effet, on en entendait parler depuis des mois, en réalité, à partir du moment où il a été mis en marche. La Horde est le premier film de Yannick Dahan et Benjamin Rocher, ils étaient certains de ce qu’ils voulaient depuis le début de l’aventure, avec comme projet de faire le premier film français de Zombies. Mais les producteurs n’ont pas suivi, c’est en faisant appel aux fans et aux internautes que le long métrage a finalement été produit. En fin d’année dernière, le film a  été projeté en avant-première mondiale à Venise ce qui démontre l’intérêt de l’étranger pour nos films que nous, français, nous balayons d’un revers de mains. Bon, c’est vrai que les tentatives horrifiques du cinéma français n’ont pas toujours été des réussites, et j’ai d’ailleurs été la première à les condamner ( Mutants, Frontières.. ). C’était davantage pour moi un cinéma “hommage” aux films favoris des réalisateurs, pas originaux et qui n’ont pas réussi à rassembler les fans de genre en France.  Un manque de générosité symbolisé par Xavier Gens, disant à propos de Frontières “J’ai fait le film que je voulais, et je pense qu’il est réussi, c’est le plus gore, le plus sale .. “.

Reconnaissons que le scénario de La Horde n’est pas des plus originaux : des zombies, des survivants, une attaque finale.. Mais c’est son traitement qui marque particulièrement le spectateur. Le film a été fait pour les fans, avec une intention directe de marquer les fans et de leur donner ( enfin ) le film qu’ils méritent. Et qui d’autre mieux que Yannick Dahan pouvait le faire ? Critique mythique du cinéma, ayant fait ses armes chez Mad Movies dans sa jeunesse, Dahan est avant tout un admirateur passionné du genre mais ayant des idées bien arrêtées. Grâce à une certaines énergie et un point de vue dépoussiérant les vaines tentatives du cinéma de genre français, les réalisateurs ont su insuffler dans leur film une approche plus divertissante, plus grand public et même plus décomplexée sans pour autant en faire des tonnes.

La Horde est construit sur une base très inspirée des polars bien de chez nous, un peu dans la veine de The Shield ; et c’est comme cela que le film commence. Une introduction des personnages toute en finesse ( le premier quart d’heure ayant été remonté après les premiers échos des projections presse ), l’intrigue est lancée rapidement et violemment. On comprend que le rythme va être soutenu, à tel point que les 90 minutes du film passent à la vitesse de la lumière. Les personnages sont attachants, crédibles, très réalistes au service du développement de cette histoire qui nous emmène en fait sur une fausse piste. Si bien que , quand arrivent les zombies, c’est une réelle surprise tant personne ne se doutait de la tournure que le récit va prendre. Le mélange entre l’histoire de la vengeance policière et l’attaque des zombies donne un vent de nouveauté au cinéma français de genre, trop préoccupé à copier/coller les longs métrages américains. Et c’est sans doute grâce à la connaissance si pointue du cinéma fantastique de Dahan que certains poncifs sont évités : les personnages par exemple sont le socle principal du film ; ils sont bien écrits et évoluent en fonction de l’intrigue ce qui contribue à éveiller l’intérêt du spectateur trop habitué à des héros interchangeables et sans saveur dans les productions habituelles. Ainsi, l’effet d’identification fonctionne et le spectateur reste scotché à l’écran.

Au final, La Horde n’est pas un film révolutionnaire mais d’une solidité à tout épreuve. Un film intelligent qui n’explique pas forcément le pourquoi du comment en prenant le public pour un idiot. Il n’y a aucune justification ni démonstration sur la raison pour laquelle les zombies sont tels qu’ils sont. Et à vrai dire, on s’en fout un peu puisque le principal est dans l’action. Certaines scènes sombrent quelque peu dans le too much mais ça passe aisément ( il faut dire que j’ai assisté à l’avant-première à Gérardmer dans une salle à l’ambiance survoltée ). Mais que voulez-vous, c’est le côté Badass qui parfois exaspère mais qu’il ne faut pas prendre au premier degrés : le fun prenant le dessus.

La Horde est donc un premier film d’action horrifique, délicieusement divertissant avec une réalisation satisfaisante pour un budget aussi limité. Le plaisir que l’équipe a pris à fabriquer à et tourner de film, dans la jubilation et la modestie, montre à quel point ce film ne se prend pas une seconde au sérieux. Les auteurs, Dahan et Rocher ont eu l’intelligence de faire un film dont ils pourraient être les spectateurs. En plus de cette réussite, ils se payent le luxe de dresser le portrait d’un contexte social où tous les personnages se retrouvent au même niveau face à la violence : entre les flics, les trafiquants, le vieux, l’union doit faire la force.

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