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La Maison des Ombres

Affiche du film "La Maison des Ombres"

© 2011 Studio Canal − Tous droits réservés.

Déclinaison vintage du film d’investigation surnaturelle, La Maison des Ombres suit la célèbre Florence Cathcart (Rebecca Hall) en pleine croisade contre les médiums de pacotille et autres charlatans escroquant des familles meurtries et endeuillées par la première Guerre mondiale. Contactée par un professeur d’histoire qui croit son pensionnat hanté, la jeune femme part enquêter sur la mort mystérieuse d’un élève. Ses convictions rationnelles vont peu à peu vaciller alors que l’édifice semble réveiller en elle un douloureux trauma.

Dès son premier quart d’heure et sa séance de spiritisme mise à mal par le personnage principal, La Maison des Ombres (The Awakening en VO) évoque une dizaine d’autres productions du même genre. Des films comme The Others ou l’Orphelinat, mêlant personnage féminin torturé, spectre d’enfant aux intentions mystérieuses et ambiance gothique envoûtante, le tout mis en scène dans un somptueux décor, hanté par un douloureux secret. La filiation est claire et on peut regretter que ce nouveau rejeton n’apporte pas grand-chose au genre, s’en tenant à une intrigue basique et une résolution finale un peu sortie de nulle part et très vite emballée. Un classicisme dans l’ensemble qui nous fait d’autant plus apprécier les quelques subtilités du scénario, le film naviguant entre faux-semblants et accumulant les pistes trompeuses au fil des avancées de l’enquête et du développement de ses différents protagonistes.

Comparé au commun des films de fantôme, La Maison des Ombres se distingue aussi par une grande sobriété dans ses effets. Les spectateurs venus pour sursauter au rythme d’apparitions effrayantes et graphiques seront donc fortement déçus. Quelques séquences sont angoissantes mais jamais effrayantes et le look tout en déformation numérique grossière du fantôme, dans ses rares et subites apparitions, semble sorti d’un mauvais direct-to-dvd asiatique.

L’intérêt de La Maison des Ombres tient finalement surtout à ses interprétations et la caractérisation de ses personnages. La rayonnante Rebecca Hall (The Town) est ainsi parfaite dans son rôle de proto-Sherlock aux traumas profondément enfouis et en porte-à-faux avec la misogynie de son époque. Dans un casting sans faute, on retiendra aussi ce prof mutilé de guerre, rongé par la culpabilité et porté à l’écran par Dominic West (The Wire).

Difficile aussi de rester insensible à la photographie du film qui plaira forcément aux fans de gothique victorien, ses vieilles bâtisses perdues en rase campagne, ses couloirs nocturnes et parquets qui craquent  et, surtout, ses paysages de landes anglaises balayées par les vents. Une imagerie ici magnifiée par la photo d’Eduard Grau.

L’ultime basculement amène une tension bienvenue dans un film au final relativement calme. On aurait aimé que Nick Murphy donne une histoire un peu plus solide à cet «éveil » à la facture si réussi, ne se contentant pas de la trame sécurisante d’un mini-film télé de luxe; surtout que dans ce domaine, la BBC nous a habitué à mieux…

Critique par Alex B

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