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La nuit des loosers vivants

Affiche du film "La nuit des loosers vivants"

© 2004 Constantin Film Produktion − Tous droits réservés.

Afin d’augmenter leur potentiel de séduction, trois amis tentent un rituel vaudou dans un cimetière qui ne marche apparemment pas. Mais sur le chemin du retour, leur voiture a un accident. A leur réveil, ils sont devenus des zombies et ils s’aperçoivent qu’ils peuvent tirer avantage de leurs nouveaux corps…

Eh oui, encore un film à jouer dans le sillage des plus célèbres films de l’histoire du cinéma d’horreur ! Passé relativement inaperçu à sa sortie en 2004, Night Of The Living Dorks s’apparente à un opus de la série American Pie (en plus drôle) revisité à la sauce allemande et couplé à du gore « light » mais bien fun. Mêlant avec brio sexe, humour trash et décomposition, le tout premier film de Mathias Dinter est une belle petite réussite dans le genre comédie horrifique ; le charisme de ces trois jeunes ados complètement paumés à la recherche de vagins consentants faisant passer sans problème les quelques blagues un peu lourdes et la surenchère inhérente à ce genre de films.

Le point fort du film : sa simplicité décomplexée, quitte à user et à abuser du cliché. En effet, comme dans toute bonne comédie à l’humour potache pour ado normalement sexué, le héros, dénommé Philip (Tino Mewes), est un pauvre type, mignon mais pas tellement populaire, amoureux de la pétasse blonde number one de son lycée et malmené par le fils-à-papa-beau-gosse-et-musclé number one de son lycée aussi ; ses amis sont des loosers au look d’enfer buveurs de bières bon marché et fumeurs de joints invétérés et sa meilleure amie d’enfance, mignonne mais pas tellement populaire non plus car devenue gothique, est transie d’amour pour lui mais il ne s’en aperçoit bien évidemment pas. A partir de ce pitch ô combien ordinaire, La Nuit des Loosers Vivants (en français) va considérablement s’éloigner de ses modèles américains en matière d’humour « pipi-caca » en introduisant le concept de zombification dans la vie de ces teenagers pas vraiment gâtés par la nature. Et là où le film surprend, c’est qu’il propose en quelque sorte de démontrer que malgré la faim incontrôlable de chair fraîche et la putréfaction progressive des corps, il existe bel et bien des avantages à devenir un mort-vivant !

Les zombies auraient-ils plus de sex-appeal que les vivants ? La réponse du film est : oui, incontestablement. En effet, la vie de nos trois antihéros mal dans leur peau va peu à peu changer du tout au tout après leur étonnante résurrection : plus forts, plus résistants, mais aussi plus drôles et plus confiants, ceux-ci vont soudainement changer le cours des choses au lycée, et même obtenir un certain succès auprès des filles ! Par là même, Night Of The Living Dorks en profite pour livrer un regard empreint à la fois de bienveillance amicale et de moquerie douce-amère sur les tares de l’adolescence et ses laborieuses recherches identitaires. C’est donc avec une réelle délectation que l’on retrouve certains des poncifs communautaires les plus amusants de cette période bien ingrate de l’existence humaine, avec, pour ne citer qu’un seul exemple, les gothiques qui, désireux d’aller à Seattle ressusciter Kurt Cobain, enclenchent bien malgré eux le processus de zombification lors d’un rituel haut en couleurs avec du poulet fermier surgelé en guise de sacrifice animalier. Cet aspect décalé, très second degré, se retrouve également dans l’élaboration des différents protagonistes du film : la sexy teacher très légèrement éphèbophile et nostalgique de ses jeunes années « hasch et partouzes » ; le prof de sport ex-militaire amateur de pratiques sadomasos et de jeunes garçons ; le docteur aux faux-airs d’Eminem et de Tobey Maguire accompagné de son assistant geek-métalleux complètement défoncés à la weed ; la mère de Philip qui « traite » les érections matinales à grands coups d’infusions de camomille, etc. Tous ces personnages très stéréotypés et d’humeur grivoise apportent beaucoup de fraîcheur et de légèreté à ce divertissement qui ne se prend définitivement pas la tête.

A partir du moment où nos trois buddies se transforment en zombies, l’humour devient certes légèrement plus noir mais ne perd néanmoins jamais de sa dimension très « bon enfant » : tout est tourné en ridicule de manière à ce que les scènes « d’horreur » ne soient jamais effrayantes mais continuent au contraire à susciter le rire via l’absurdité des situations. Ainsi peut-on voir un ersatz de Marilyn Manson, le schtroumpf à lunettes Conrad (interprété par Thomas Schmieder, dont la ressemblance avec le chanteur d’Antichrist Superstar est plus que frappante), rabibocher son oreille tombée en morceaux à l’aide d’une agrafeuse ou encore dévorer un cadavre de grenouille en plein cours de dissection ; ou bien Philip perdre un de ses testicules au moment crucial de conclure avec la biatch de ses rêves ; et bien d’autres moments assez drôles qu’il vous plaira certainement de découvrir. Le petit clin d’œil à George A. Romero via le film Day Of The Dead que regardent les trois amis après leur transformation en zombies et à Metal Gear Solid lorsque Wurst (le troisième de nos compères) se camoufle sous une boîte en carton constituent également des détails très réjouissants pour les fans de ces deux piliers de la culture « Zombie » et « Playstation ».

Certes, l’humour de Night Of The Living Dorks ne vole pas très haut, certes le scénario est cousu de fil blanc, certes les effets spéciaux sont inégaux et les interprétations des acteurs pas toujours très subtiles ; néanmoins, ce film a l’avantage de nous faire passer un agréable moment tout en assumant pleinement son statut de pur divertissement et réussit le pari d’explorer sans complexes la vie sexuelle de jeunes zombies en pleine crise pubertaire. Malgré ses facilités scénaristiques et ses lourdeurs ponctuelles, Night Of The Living Dorks demeure un film cocasse et diablement enjoué dont la bonne humeur devient vite contagieuse…

Par Emmanuelle Ignacchiti

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