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Le Jour des morts

Affiche du film "Le Jour des morts"

© 2008 D.O.D. Productions − Tous droits réservés.

Une épidémie se répand dans une petite ville des États-Unis, la garde nationale organise alors une quarantaine afin de contrôler l’épidémie. Sarah, caporal de la garde nationale originaire de cette même ville, décide d’aller prendre des nouvelles de sa mère et de son frère.

Quelle grosse merde.

Excitant comme un plagiat raté de Bruno Mattei et presque aussi prétentieux qu’une daube à gros budget de Paul W.S Anderson, ce remake, ou plutôt devrais-je dire cet affront au chef-d’œuvre culte de 1985 Day Of The Dead, s’acharne à vouloir péter plus haut que son cul pour un résultat, disons-le clairement, pire encore que tout ce qui se fait en termes d’opportunisme foireux et complètement dénué de talent. Visuellement très très moche, atrocement mal joué, inintéressant au possible et ridicule à en pleurer, le film de Steve Miner (Le Tueur du Vendredi ; Halloween, 20 Ans Après ; Lake Placid) se fout ouvertement de la gueule des fans de l’original en prenant des libertés qui, s’il y avait déjà fort peu de chances pour qu’elles réussissent à surpasser ou ne serait-ce qu’à égaler le scénario de George A. Romero, s’avèrent être des initiatives aussi merdiques qu’incohérentes. Retour sur le massacre d’un chef-d’œuvre en bonne et due forme.

Le premier point qui nous agresse les yeux au visionnage de Day Of The Dead, c’est son absence totale d’originalité – d’inspiration ? – que le film tente vainement de combler à grands coups d’effets de style plus risiblement cheap les uns que les autres. Le pire reste sans nul doute ces accélérations d’images intempestives convoquées dans l’unique but de donner un semblant de dynamisme au film mais qui ne parviennent au final qu’à rendre les actions complètement brouillonnes voire carrément illisibles. Cet effet insupportable va en réalité de pair avec le parti pris de Steve Miner – sans doute le pire outrage du film – de donner des pouvoirs surhumains à ses zombies. En effet, ceux-ci sont capables de pousser des sprints supersoniques, de marcher au plafond comme dans L’Exorciste, de courir sur les murs à la Prince Of Persia, et j’en passe des pires et des meilleures… Ben ouais, normal : ils sont morts, quoi de plus logique ?! Ces grotesques accélérations essaient donc tant bien que mal de rendre la présence insignifiante des zombies un tantinet angoissante (ce qui reste malgré tout un échec), la rapidité servant souvent de dernier recours aux films nazes pour tenter de faire peur lorsque leur scénario touche le fond.

Et il faut bien avouer que niveau zombies, Day Of The Dead en tient une sacrée couche, je parle notamment de ces nombreuses scènes de métamorphoses ridicules et tout bonnement incompréhensibles (les gens normaux qui se décomposent en bidoche avariée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire) avec même au programme une super-vision intracrânienne pour illustrer le processus de contamination des cellules du cerveau par le virus (allez, ne nous refusons rien, on a les moyens après tout…). En plus de ces joyeusetés, cet immonde remake qui ne se contente pas uniquement d’user et d’abuser de CGI absolument atroces a même eu le mauvais goût de transformer les zombies si subtilement élaborés de Romero en monstres assoiffés de sang tuant davantage pour le plaisir que par instinct de se nourrir (c’est simple, on ne les voit jamais se nourrir). Sans parler de l’honteuse scène d’auto-cannibalisme (si, si, je vous jure !) qui a largement de quoi foutre les puristes en rogne, et ils auront bien raison ! D’ailleurs, ne saviez-vous pas que les zombies se désintégraient instantanément au contact des flammes, os y compris ? Oui, oui, j’ai bien dit « désintégrer instantanément ». Le pire, c’est que le talentueux scénariste Jeffrey Reddick devait sans doute trouver ça trop classe comme idée…

Mais quel lien peut-il bien y avoir entre cette sombre merde et le Day Of The Dead de 1985 ? Aucun, mis à part peut-être le prénom de l’héroïne, Sarah, interprétée par une Mena Suvari (American Beauty ; Stuck) complètement à côté de ses pompes, et encore, il est bien possible que ce soit là le pur fruit du hasard. Le remake a même cru judicieux d’aller à contre-courant de l’original en faisant des militaires les « gentils » se battant contre les méchants scientifiques, réduisant par là même la critique antimilitariste de Romero à néant. Que reste t-il donc de bon à prendre dans ce remake ? Absolument rien. Des dialogues creux et ennuyeux à en crever, un scénario aussi inintéressant qu’illogique (une usine de fabrique Nike secrètement reconvertie en silo de l’armée Russe à l’insu de tous… malgré le gros sigle « Biohazard » qui orne sa façade, of course) ; des acteurs de seconde zone insipides et pas crédibles un brin (mention spéciale au scientifique pseudo-beau gosse en costard-cravate tout droit sorti d’un épisode de Nip/Tuck) ; des scènes d’action puant le fake a des kilomètres (ah ah ! je tire au fusil à pompe d’une seule main et y a même pas de recul !) quand elles ne frisent pas carrément la bouffonnerie (le zombie fourbe qui attaque silencieusement du plafond façon Alien…). Le film, malgré son manque évident de budget, a quand même tenu à se payer quelques « stars » en les personnes de Mena Suvari (sans doute en mal de reconnaissance) et de Ving Rhames, décidément abonné aux remakes (Dawn Of The Dead ; Piranha 3D) qui au final n’apparait pas plus de dix minutes en tout à l’écran (il devait sûrement coûter trop cher…).

Mais je suis mauvaise langue, il y a bien UN point commun entre ce remake pourri sur tous les points et l’original : le zombie intelligent « Bub » (« Boubou » en français), ici rebaptisé « Bud ». Eh bien, croyez-le ou non, mais même ça, le film a réussi à le foirer ! Tout ce qui constituait un formidable intérêt dans le film de Romero et qui de plus était traité avec une sensibilité (et non sensiblerie) touchante et empreinte d’humanisme se retrouve ici littéralement saccagé par une overdose de bons sentiments absolument pathétiques et incohérents tout juste bons à filer la nausée. Ici, le gentil petit soldat végétarien Bud (le très inexpressif Stark Sands) tombé amoureux en trois secondes-chrono de sa supérieure conservera une fois transformé en zombie son profond amour pour Sarah de même que son aversion pour la viande. Voici donc… Le premier zombie végétarien de l’histoire du cinéma ! Pire, il sauvera même sa belle des griffes de ses congénères ! A voir ça, on se dit que le film nous prend vraiment pour des cons. Encore pire, les zombies, se sentant honteusement trahi par l’un des leurs, n’hésiteront pas à lui faire subir de cruelles représailles… Mais où va le monde ?!

Nul à chier, voilà ce qui caractérise le mieux ce Day Of The Dead aussi aberrant par son absence totale de qualités que par sa prétention démesurément éhontée. Tout ça pour ça, j’ai envie de dire… Y a des idées qui feraient mieux de rester au fond d’un tiroir pour l’éternité. Y a aussi des films qui foutent vraiment la haine. Et y a Day Of The Dead, un anti-film notoire qui n’aurait jamais du voir le jour.

Par Emmanuelle Ignacchiti

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