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Le Retour des morts-vivants III

Affiche du film "Le Retour des morts-vivants III"

© 1993 Ozla Productions − Tous droits réservés.

Curt est le fils du colonel Sinclair, un scientifique qui a dédié sa vie à un étrange projet de recherche. Julie est une splendide adolescente dont Curt est éperdument amoureux. Quand Julie meurt dans un accident, Curt utilise le projet de son père pour la ramener à la vie…

Après Ken Wiederhorn, c’est au tour de Brian Yuzna (Society ; Reanimator 2 ; Le Dentiste) de poursuivre la série des Return Of The Living Dead initiée en 1984 par Dan O’Bannon. Dans ce troisième volet, le comique au-ras-des-pâquerettes se trouve laissé pour compte au profit de l’horreur et du gore, ce qui est, je vous l’assure, loin d’être une mauvaise chose mais qui lui valut d’être interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en France. Malgré ses nombreuses failles scénaristiques, Return Of The Living Dead 3 offre une certaine originalité dans son traitement de la contamination zombiesque en suivant de près la métamorphose irréversible de Julie, jeune et jolie punk décédée et ressuscitée par son amant qui tente de résister à ses pulsions sanguinaires par l’automutilation.

En effet, même si l’idée d’un zombie luttant contre sa nouvelle nature pour conserver son humanité n’est pas totalement inédite (dans Dead Of Night de Bob Clark, par exemple), le choix de l’automutilation comme seul moyen de calmer la faim de plus en plus violente de son héroïne n’est pas totalement dénué d’intérêt, loin de là même. D’une part, ce choix amène quelques scènes gore assez soignées d’un rituel de scarification plutôt dur à digérer, et de l’autre, il porte à réfléchir sur le sens même de l’automutilation. Par ailleurs, la transformation finale de Julie en zombie-punkette ultra-sexy transpercée de toute part de clous, d’anneaux, de chaînes et de pics en tout genre vaut le détour pour son côté esthétique et provocateur. D’ailleurs, l’érotisme qui se dégage de ce nouveau prototype du zombie mangeur de chair mêlé à la violence de certaines scènes offre un rendu final plutôt intéressant… En outre, on reconnait bien évidemment la patte du réalisateur de Society pour son affection des liquides gluants et de la barbaque saignante, mais celui-ci est allé nettement moins loin que dans le film précédemment cité qui s’achevait sur une apothéose psychédélique d’un goût plus que douteux.

Comparés aux deux précédents volets – surtout au deuxième –, les zombies du Retour des Morts-Vivants sont plutôt réussis même si les effets spéciaux et maquillages ne sont pas inoubliables… Il faut dire aussi, le fait qu’ils ne courent plus en racontant des conneries et en se cassant la gueule sans arrêt suffit largement à nous satisfaire, nous rendant peut-être un peu trop reconnaissants vis-à-vis du travail de Steve Johnson. Quoiqu’il en soit, les scènes gore restent fun et nombreuses, Brian Yuzna n’ayant comme à son habitude pas lésiné sur le sang et on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer entre la colonne vertébrale-zombie qui marche et Riverman le clochard-zombie bionique. De plus, mis à part les bidons de l’armée américaine remplis de Trioxine 203 servant à ramener les morts à la vie et une très brève mention aux évènements qui précédèrent l’arrivée des premiers zombies – déjà expliqués dans le premier Return Of The Living Dead –, ce troisième film ne tisse absolument aucun lien avec ses prédécesseurs. Et c’est tant mieux, j’ai envie de dire…

Non, le gros problème de Return 3 réside en fin de compte dans ses nombreuses incohérences scénaristiques qui nous empêchent de véritablement prendre le film au sérieux. Tout au plus pouvons-nous le considérer comme un bon téléfilm ou une bonne série B… En même temps, le jeu un peu lourd des acteurs ainsi que les doublages et dialogues très limites ne nous y aident pas vraiment. Mais les grosses ficelles du scénario  restent ce qui dessert le plus le film de Yuzna : par exemple, le fait que les deux amoureux Curt et Julie ne rencontrent absolument aucune difficulté à pénétrer trois fois en tout – et sans qu’aucun des employés ne les remarque – au cœur du centre où travaillent le père de Curt et ses acolytes sur un projet censé être classé « secret défense » ; difficultés légitimement attendues par les spectateurs mais qu’ils ne rencontreront pas non plus pour semer flics et voyous dans les égouts, aidés par un clochard d’opérette aux curieux airs de Mc Solaar dans sa période du début des années 90, qui collectionne les pièces de Mardi-Gras pour répandre le Bien dans le monde ; etc. Malheureusement, tout ceci est bien trop gros et bien trop facile pour réussir à nous plonger dans l’ambiance créée par Brian Yuzna, et c’est fort dommage.

Tout l’intérêt du film repose donc presque uniquement sur le personnage de Julie, interprété par la voluptueuse Mindy Clarke (Spawn), et la puissante aura destructrice qui l’entoure. Les autres protagonistes du film tels que Curt par exemple, ne bénéficient que d’un traitement de surface et se retrouvent de ce fait relégués au dernier plan. Tout ce qui nous importe au final, c’est d’assister à la métamorphose progressive de Julie en morte-vivante au look de lolita gothico-punk – oui, parce qu’elle se scarifie de manière esthétique quand même, faut pas déconner – affamée de chair humaine. A la fin, elle n’est plus qu’une machine à tuer, une arme à demi-humaine encore pensante et capable de ressentir des émotions mais entièrement vouée à la mort qui inspire autant le désir que la peur la plus profonde. Le final tragique réunissant les deux amants dans la mort peut bien évidemment faire penser à une version gore de Roméo et Juliette, notamment par l’idée universellement connue que l’amour est éternel et plus fort que tout… Touchant.

Return Of The Living Dead 3 est à mon sens le meilleur volet de la série qui, sans réaliser des prouesses esthétiques faramineuses ni révolutionner le genre, parvient tout de même à se faire une petite place dans le paysage horrifique des années 90 en remettant le zombie au goût du jour. Un sympathique petit divertissement à voir ou à revoir pour se replonger dans l’ambiance glauque et sanguinolente de ce cher Brian Yuzna.

Par Emmanuelle Ignacchiti

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