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Malveillance

Affiche du film "Malveillance"

© 2011 Castelao Producciones − Tous droits réservés.

L’histoire: César est un gardien d’immeuble toujours disponible, efficace et discret. Disponible pour s’immiscer dans la vie des habitants jusqu’à les connaître par cœur ; discret quand il emploie ses nuits à détruire leur bonheur ; efficace quand il s’acharne jusqu’à l’obsession sur Clara, une jeune femme insouciante et heureuse…

Avec le succès retentissant de Rec et de ses zombies ( contaminés plutôt ), le grand public avait peut être oublié  que Jaume Balaguero était un brillant réalisateur de films plus en retenue. Avec Darkness, la Secte sans nom et surtout Fragile, il avait montré un talent particulier pour instaurer une ambiance à la fois famillière et étrange. Pourtant très classiques, ces films sont restés dans la mémoire de nombreux fans, trop contents que le cinéma européen tienne enfin un réalisateur de qualité capable de nous faire frémir avec des films pourtant très différents dans leur nature.

Autre changement de style avec Malveillance qui est un pur thriller domestique en forme de huit clos dont la quasi-totalité des scènes se situe dans un immeuble cossu ( tiens tiens ça nous dit quelque chose ). Si la forme est différente de Rec ( et encore, ou soupçonne que l’immeuble soit en réalité le même avec quelques modifications ), on retrouve quelques thématiques chères à Balaguero et Plaza notamment l’aspect sociologique qui transparait particulièrement dans la position que le gardien occupe à l’intérieur de cet immeuble bourgeois. A la fois gardien et homme à tout faire de chaque occupant, il cache sous un aspect bienveillant et serviable une véritable rancoeur envers ceux qu’il n’hésite pas à aider dans la journée. Comme si il voulait effacer ce gouffre social qui l’éloigne de toutes ces personnes qui finalement, le remarquent à peine et le considèrent encore moins.

Balaguero commence son film en nous faisant justement découvrir le quotidien de cet homme singulier, ses habitudes personnelles et professionnelles pour en souligner parfois le pathétisme mais surtout la solitude. Car une fois que le réalisateur a réussi à faire éprouver au public de la pitié pour César, il va pouvoir parsemer la suite de son métrage d’éléments progressivement malsains qui vont tour à tour gêner et amuser le spectateur.

Excellent du début à la fin, Luis Tosar incarne à la perfection ce type étrange que tout le monde croit connaitre, à qui les gens se confient mais dont ils ignorent la vie nocturne secrète ( à part peut être la petite fille dont les faces à faces avec César sont fabuleusement savoureux ).

Mais même si la tension et le suspense sont présents au bout de la première demie-heure, on attend qu’il se passe réellement quelque chose et le rythme du milieu du film se retrouve un peu ralenti par rapport à ce qu’on aurait besoin de voir : un véritable affrontement. On aurait peut être souhaité que Balaguero se penche plus profondément sur la psychologie du personnage qui, ici, est un peu trop effleurée et évoquée presque gratuitement.

Et même si par la suite, le rythme reprend avec ( enfin ) des scènes où la tension monte dangereusement, on reste un peu refroidi par le manque d’audace de Malveillance qui ne va pas assez loin
( particulièrement dans une scène où on aurait souhaité que Balaguero surfe encore plus sur le politiquement incorrect ).

Troublant et dérangeant, Malveillance ( dont le titre original était encore une fois beaucoup plus adapté au film ) exploite d’une très belle manière une histoire qui manque d’enjeux. Mais le manque de rythme ne nous empêche pas d’apprécier quelques scènes savoureuses  ( surtout sur la fin ).

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