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Maniac (2012)

Affiche du film "Maniac"

© 2012 La Petite Reine − Tous droits réservés.

Comment passer après un classique tel que le Maniac de William Lustig, film qui au début des années 80 s’imposait comme mètre étalon du genre “vis ma vie” de serial killer craspec ? Un monument du 7ème art glauque, quasiment inégalé depuis. Et surtout, question suivante, comment remplacer Joe Spinnel, incarnation parfaite du détraqué total ? Un collectionneur de scalps dont l’humanité complétement torturée provoquait chez le spectateur une dérangeante empathie.

Producteurs et scénaristes sur ce remake, Alexandre Aja et Grégory Levasseur ne relèvent pas le pari d’égaler l’original et ce remake prend la direction d’une modernisation un peu bas de front et qui satisfera probablement les fans du genre. Premier signal de cette transformation en « pur divertissement horrifique » : une mise en scène en vision subjective, artifice un peu gratuit mais efficace et nous plaçant dans la peau du serial killer. Forcément ça tangue un peu, mais on reste quand même très loin du style found footage.

Anna, une photographe partageant avec notre maniaque une passion pour les mannequins

Le réalisateur via ce dispositif se permet d’aligner les scènes où le spectateur profite un peu de la perversité de son personnage principal. Planqué dans un placard à mater les seins d’une jolie danseuse, rôdant dans sa camionnette à fixer tout ce qui relève de la gente féminine, flirtant avec une proto-suicide girl… On se croirait parfois dans un POV, ces films pornos en visions subjectives, mais avec  des moyens hollywoodiens. La ville de Los Angeles profite d’ailleurs des attentions toutes particulières de la mise en scène, alignant les jolis plans nocturnes nimbés de jeux de lumières soignées. Un côté esthétisant qui en fait parfois un peu trop, s’éloignant encore un peu plus de l’original.

Les parades torturées de notre pauvre maniaque se concluent souvent de manières similaires : un couteau découpant en gros plan le scalp de la pauvre victime. Le film n’hésite pas à y aller franchement dans l’horreur graphique, cela sans imposer de scènes vraiment marquantes. Pour autant certaines autres séquences – la poursuite dans le métro, le tueur reprenant son souffle, le regard porté sur le ciel étoilé, avant d’achever sa victime et finir sur un plan hommage à l’affiche de l’original –  font quand même leur petit effet.

Un scalp sanguinolent sur une beauté figée et inhumaine,
toute une direction artistique résumée en une image

Dans le rôle principal, Elijah Wood se démène pour nous faire oublier Frodon le gentil hobbit, aidé dans cette tâche par une direction artistique l’affublant d’un look col roulé, cuir dégueulasse et bouc mal taillé de mec bien déphasé. L’acteur est aussi bien aidé par une mise en scène qui ne le dévoile qu’au travers de reflets, cela hormis une poignée de scènes où la caméra redevient objective.

On regrettera par contre le jeu de Nora Arnezeder. L’égérie Guerlain et future Angélique peine à être juste face à une caméra censée incarner Elijah Wood et aligne les minauderies réservées aux shooting de mode. Elle est également desservie par une écriture bien poussive de son personnage (ou la française gentille avec tout le monde et voulant percer dans la photographie aux USA mais bien trop sensible pour ce monde impitoyable).

Frank, toujours en quête de son idéal féminin

Le film souffre également de rebondissements un peu trop grotesques dans sa dernière partie, accélérant avec quelques ficelles digne d’une série B une intrigue au rythme jusqu’ici un peu pépère. Pour le reste Maniac est un remake honorable, le dispositif de mise en scène le confinant plus au rôle de sympathique attraction horrifique, portée par une superbe BO composée par le français Rob, plutôt qu’au statut de grand film d’horreur qui restera dans les mémoires.

Critique par Alex B

TRAILER :

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