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Orca

Affiche du film "Orca"

© 1977 Dino de Laurentiis Cinematografica − Tous droits réservés.

1975 : Steven Spielberg atomise le box office mondial avec Les Dents de la mer. Le film ouvre une vague qui perdure encore aujourd’hui, bien que ce soit désormais un concours de celui qui trouve le titre et l’idée la plus débile possible ( les Mega/Mecha/Topus/Nado/Exorcist/Atomic Shark, la liste est longue :  c’est ce qu’on appelle désormais la sharksploitation. Si beaucoup ne se fatiguent pas et se contentent de montrer simplement le squale en tant que menace, d’autres répondent au succès des Dents de la mer en mettant en scène d’autres créatures aquatiques. Depuis les années 70, on a donc vu des Piranhas, barracudas, pieuvres géantes, et l’orque dans le film qui nous intéresse ici.

Sortie deux ans après le chef d’oeuvre de Spielberg, Orca est sans aucun doute le sous-Jaws qui a su le mieux se démarquer de la concurrence, et de son
modèle. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la première scène du film montre un orque mettre hors d’état de nuire un requin. Tuer le requin pour mieux tuer l’inspiration ? Pas vraiment, puisque Orca, dans ses grandes lignes, reprend le schéma des Dents de la mer en l’inversant : dans le film de Spielberg, c’est le requin qui se retrouve traqué par Quint et sa bande, ici c’est l’épaulard qui traque Nolan et son équipage (qui a abattu la femelle de l’animal ainsi que le foetus qu’elle portait). La bête, considérée comme aussi, voire plus intelligente que l’homme, réclame sa vengeance.

© 1977 Dino de Laurentiis Cinematografica − Tous droits réservés.

Si Orca contient son lot de scènes où l’orque croque quelques personnages secondaires, le film fait également appel à un côté dramatique encore jamais vu dans
une production de ce genre. Les scènes du point de vue de l’animal sont d’une puissance rare : tour à tour cruelles, émouvantes, poétiques, apocalyptiques (plans incroyables de l’épaulard qui fait des bonds hors de l’eau devant un port en proie aux flammes). Le tout porté par la musique bouleversante d’Ennio Morricone, c’est simple : aucun de ces passages ne laisse de marbre.

Du côté des personnages humains, si l’on peut noter une certaine opposition qui aurait mérité d’être plus exploitée entre le personnage de la scientifique interprétée par Charlotte Rampling, qui apporte des explications scientifique aux événements, et celui de l’Indien campé par Will Sampson qui donne une aura quasi mystique à l’orque, c’est bel et bien Nolan le pêcheur, joué par Richard Harris qui est le personnage plus approfondi. Si il est présenté au départ comme une brute au coeur de pierre, il se révèle être un être qui se consume petit à petit, rongé par le remord, qui n’est au final pas si différent que l’animal qui le traque, ce qui
évite tout manichéisme, les deux partis étant aussi bien responsables que victimes des événements.

© 1977 Dino de Laurentiis Cinematografica − Tous droits réservés.

Malgré quelques faiblesses dues au limites techniques de l’époque qui ont mené à l’utilisation de stock shots et de plans tournés dans un delphinarium ( le fameux aileron des orques en captivité en témoigne), Orca est bien plus qu’un énième produit fait pour surfer sur la vague des Dents de la mer, et mérite bien plus que l’étiquette de sous-jaws qui lui a été trop souvent attribuée. Une oeuvre à (re)découvrir d’urgence.

Par Jonathan Roch

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