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Pontypool

Affiche du film "Pontypool"

© 2008 Ponty Up Pictures − Tous droits réservés.

Une station de radio locale coincée sous la neige Canadienne. Grant Mazzy, animateur un peu grande gueule s’apprête à faire le show de sa vie sous le regard inquiet de sa productrice. Au fil de news et témoignages de plus en plus inquiétants, il semblerait que la petite ville de Pontypool soit victime d’une épidémie aussi étrange que violente. Un phénomène de zombification – bien que le terme ne soit jamais prononcé – inédit dans le 7ème art et face auquel il vaut mieux bien choisir ses mots, le virus se transmettant par le langage.

Avec ce pitch original d’apocalypse en huit-clos diffusée sur les ondes et digne d’un des meilleurs épisodes de la 4ème dimension, on avait très envie d’aimer cette petite production canadienne. Pour une fois nos espoirs n’ont pas été déçus : Pontypool se place directement sur le podium des meilleures productions indépendantes horrifiques de ces dernières années.Sur une trame ne quittant jamais de la station radio, entre claustrophobie naissante et peur de l’extérieur, Pontypool prend le parti du suggestif, jouant uniquement sur le pouvoir d’évocation des différents témoignages radiophoniques. Un procédé aussi minimaliste qu’efficace, rappelant l’époque où les films pouvaient se passer de spectaculaire pour foutre les jetons et où un Orson Welles pouvait, au détour d’un canular radiophonique, rendre crédible une attaque extraterrestre à l’Amérique entière. Une technique qui fit aussi ses preuves pour l’une des scènes les plus impressionnantes de 28 Jours Plus Tard, où l’un des survivants racontait le massacre de sa famille. Dans Pontypool, l’inquiétude progresse au fil des news et témoignages, culminant lors du récit flippant d’un Mr Météo coincé dans une maison et assailli en direct par un infecté très mal en point. Après cette première partie aussi originale que réussie, le métrage retombe un peu pour son dernier tiers dans le film de zombie classique et s’embourbe quelque peu dans ses scènes théorisant l’épidémie, rationnalisant un peu trop l’étrangeté.

© 2008 Ponty Up Pictures − Tous droits réservés.

En plus d’un talent certains pour les dialogues et une mise en scène aussi intelligente que jusqu’au boutiste dans ses partis pris – la seule attaque du film est ainsi délibérément filmée hors-champ – la réussite de Pontypool doit énormément à ses acteurs principaux et à la subtilité de leur direction. Stephen McHattie, vieux briscard écumant depuis longtemps la télé US et visible dans le History of Violence de Cronenberg, excelle en vieux cowboy rechignant à relater l’actualité locale des chats égarés alors qu’il pourrait disserter à l’infini sur Norman Mailer (comme lors de ce préambule où l’on croirait, en seconde vision, détecter les premiers effets du virus). Le scénario met d’ailleurs en valeur la justesse du duo principal en faisant intervenir des personnages secondaires de plus en plus burlesques, du groupe de musique déguisé en figurants de Lawrence d’Arabie (humour canadien peut-être…) au docteur Mendez, personnage hystérique et réponse à tout.

Ponctué de rares effets gores, le film parvient à préserver un fragile équilibre entre terreur et humour décalé, un flegme canadien plutôt reposant au milieu de l’hystérie régnant sur certaine prod’ américaine. Bref, le film est encore scandaleusement inédit chez nous mais compte sur films-d’horreur.com pour te l’annoncer comme il se doit quand ça sera le cas… Pour info, Pontypool est à l’origine un livre de l’auteur Tony Burgess et premier volet d’une trilogie suivant les mêmes événements à des endroits différents. On peut donc espérer une suite adaptée du deuxième volume et se déroulant cette fois en pleine ville.

Par Alex B

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