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Possédée

Affiche du film "Possédée"

© 2012 Ghost House Pictures − Tous droits réservés.

Enième film d’exorcisme et de possession démoniaque, comme on a pu en voir par dizaines ces derniers temps, Possédée (The Possession, en anglais) raconte l’histoire de la famille Brenek, dont la fille cadette, Emily, commence à développer un lien étrange avec un petit coffre en bois acheté dans un vide-grenier. Les phénomènes étranges et surnaturels se multiplient et Clyde, le père, se rend compte que cette boîte a été créée pour enfermer un dibbouk, un esprit malin qui habite puis détruit son hôte humain…

Ca commençait pourtant bien. On avait un réalisateur qui a fait ses preuves dans le cinéma d’horreur, le danois Ole Bornedal, à qui l’ont doit notamment Le Veilleur de Nuit (1994) et son auto-remake (1998). Le casting était plutôt crédible, à l’exception de l’insupportable mère jouée par Kyra Sedgwick (The Closer : Enquêtes Prioritaires). Natasha Calis, elle, est très convaincante en fillette possédée. Jeffrey Dean Morgan (Watchmen), malgré une ressemblance troublante avec Javier Bardem, livre une interprétation assez juste du père de famille divorcé un peu paumé, à l’instar de Matisyahu, dans son rôle de jeune rabbin acceptant de se livrer à l’exorcisme que ses pairs, effrayés, ont refusé de pratiquer. On avait aussi le label « inspiré de faits réels » sur l’affiche, et surtout, la caution Sam Raimi, réalisateur de la trilogie Evil Dead, à la production via sa société Ghost House Pictures. Et pourtant…

Malgré tout ça, le film ne prend pas. Possédée se contente de suivre gentiment le petit manuel du film d’exorcisme, sans grande ambition ni volonté de se démarquer de ses innombrables prédécesseurs plus ou moins réussis depuis L’Exorciste de William Friedkin, sorti en 1973.

Le film nous sert à peu près tous les clichés du genre. D’abord celui de la famille déchirée qui sera réunie par l’épreuve terrifiante qu’elle traverse. Puis dans la possession elle-même : petits changements de comportement d’Emily, apparition de vermines (ici des papillons de nuit que l’enfant vomit par dizaines), jusqu’à la possession totale, les yeux révulsés et le visage disloqué, ainsi que quelques plans à la The Ring, avec la gamine blafarde cachée derrière ses cheveux… La traditionnelle recherche documentaire et universitaire sur la boîte et le démon qu’elle renferme, grâce un professeur de fac et à des vidéos Youtube, les autorités religieuses réticentes, le jeune rabbin qui accepte les risques de la mission, les montées de volume de la musique et les « jump scares » abusifs… Tout est là. Jusqu’à la scène de fin complètement prévisible, dont on espère qu’elle n’annonce pas une suite…

“Coucou, tu veux voir ma boîte ?”

On a droit quand même à quelques bonnes idées – l’articulation de la boîte et son ouverture, l’appétit grandissant d’Emily, la scène des gifles imaginaires, celle de l’IRM ou encore celle de la morgue, (unique?) climax de tension du film – mais celles-ci ne suffisent pas. Les scènes inquiétantes sont souvent trop courtes, et certaines totalement sous-exploitées, comme celle de la fourchette, qui se passe hors-champ ! La bande-annonce déflore malheureusement une des rares scènes fortes du film, celle de l’exploration de la gorge d’Emily à la lampe torche. La technique est propre, mais les travellings et les plans larges restent très convenus. Certains plans vus du ciel apportent un peu d’originalité aux cadrages.

Tentant de se démarquer du genre avec le mythe du dibbouk, démon de la mythologie kaballistique, Possédée ne fait que transposer l’histoire à la religion juive. La bonne interprétation de Natasha Calis et les quelques qualités du film ne parviennent pas à le sauver de la banalité dans lequel il se complaît. On sursaute mais on n’a pas vraiment peur, on ne passe pas un mauvais moment. Possédée fait son taf, mais ne fait pas de zèle et reste trop scolaire, timide et convenu, nous prouvant une nouvelle fois la difficulté de réaliser un film de possession dans l’ombre de L’Exorciste, un défi pourtant relevé avec succès par Raimi avec Drag Me To Hell.

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