Ring

Ring (1998)

  • Titre original: Ringu
  • 1 h 38 min | Horreur, Thriller | 31 janvier 1998
    Note
    8/10
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    Un soir, seules à la maison, deux lycéennes se font peur en se racontant une mauvaise blague. Une étrange rumeur circule à propos d'une cassette vidéo qui, une fois visionnée, déclenche une terrible malédiction : une mort annoncée sept jours plus tard. Après le décès de sa cousine Tomoko Oishi, Reiko Asakawa, une jeune journaliste, enquête, mais très vite le maléfice la rattrape.

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    Lors d’une soirée entre filles, deux adolescentes, Masami et Tomoko, discutent d’une rumeur selon laquelle une mystérieuse cassette vidéo aurait le pouvoir de tuer une semaine après ceux qui l’ont visionnée. Tomoko finit par confier à son amie qu’elle a également vu la cassette une semaine plus tôt, jour pour jour. Un peu plus tard dans la soirée, Tomoko meurt dans d’étranges circonstances. La journaliste Asakawa, qui était aussi la tante de Tomoko, décide d’enquêter sur l’affaire. Ses pistes ne tarderont pas à la mener directement à la cassette. Elle et les siens vont alors devenir les cibles d’une monstrueuse malédiction qui dure depuis plus de quarante ans. Aidée par son ex-mari, Takayama, Asakawa va tenter de découvrir la vérité dans l’espoir d’annihiler la malédiction.

    Cela fait déjà un bon bout de temps que le mythe du yurei a sa place au soleil dans le petit monde de la production horrifique contemporaine. Ces spectres de femmes en robe blanche aux longs cheveux noirs cachant leur visage livide et déformé par la haine ont littéralement envahi nos écrans durant la dernière décennie.

    En effet, presque chaque yurei eiga (films de fantômes japonais) a eu droit à son remake sur le sol américain : la saga Ju-On de Takashi Shimizu, Kairo de Kiyoshi Kurosawa, Dark Water d’Hideo Nakata D’autres encore ont tenté de s’approprier le mythe de manière plus ou moins réussie ; parmi eux l’on peut citer One Missed Call de Takashi Miike, ou encore Ju-Rei de Kôji Shiraishi…
    Le point de départ de cet engouement collectif pour le yurei ? Sadako Yamamura, le personnage emblématique de Ring d’Hideo Nakata (Ring 2, Le Cercle 2, Kaidan, L Changes The World). Bien qu’il ne soit pas l’inventeur à proprement parler de la légende du yurei, qui s’est développée au Japon durant les années 50-60, c’est grâce à l’immense succès commercial de son film, produit en 1997, que l’on doit cette pléiade de films traitant des malédictions de yurei. Mais parlons un peu du film en lui-même… Outre avoir instauré de manière durable (ou pas… l’effet de mode semblant déjà toucher à sa fin) cette facette folklorique de la culture japonaise au cinéma, que vaut-il vraiment ?

    Eh bien, à mon sens, Ring surpasse définitivement tout ce qui a pu par la suite être produit en matière de yurei. Faisant fi de la surenchère grotesque propre aux autres films du genre, Ring tire toute son efficacité de son ambiance délicieusement angoissante et laisse à l’imagination du spectateur le soin de faire le reste. En effet, la suggestion fait partie intégrante de Ring : la manière dont Sadako s’y prend pour accomplir sa malédiction vengeresse n’est jamais explicitement montrée à l’écran, les seuls indices qui nous sont laissés pour nous permettre la représentation mentale des meurtres sont les visages défigurés par la peur de ses victimes. Ring joue également sur le concept de suspense par anticipation ; tout au long du film, l’on peut ressentir une menace latente poursuivre les personnages principaux : la malédiction pèse inexorablement au-dessus de leurs têtes et ils ne disposent que d’une semaine en tout et pour tout pour découvrir la tragédie qui se cache derrière cette cassette issue d’un autre monde. L’intrigue repose donc sur une éprouvante course contre la montre durant laquelle le spectateur, au fil des indices, accompagne pas à pas les personnages principaux vers l’horrible vérité. Le contenu de la cassette est quant à lui extrêmement dérangeant, les images étranges qui se succèdent sans lien apparent sur un fond de bruitages inintelligibles ont le don de susciter chez le spectateur un véritable sentiment d’effroi. Face à un tel objet qui défie les lois de notre entendement, l’on se sent littéralement hypnotisé par le magnétisme maléfique qui émane de cette cassette maudite, épouvanté par son contenu et tout ce qu’il implique mais incapable d’en détacher les yeux. Ce paradoxe est également applicable à cette fameuse scène de fin où Sadako sort de la télévision. En plus d’être impeccablement réalisé sur le plan technique (les effets spéciaux sont incroyablement réussis et loin d’être démodés) ce passage du film est réellement effrayant. Tout comme la victime de Sadako, le spectateur se sent pris au piège : acculé à son fauteuil, il ne peut qu’observer la scène d’horreur pure qui s’offre à lui. Et c’est certainement en grande partie grâce à cette scène d’anthologie que Ring peut se targuer d’avoir marqué les esprits de toute une génération de cinéphiles. Par ailleurs, la narration, qui s’opère de manière linéaire sur un rythme assez lent, est assez représentative de cette atmosphère particulièrement oppressante typique du cinéma japonais. Cette même ambiance qui fait malheureusement défaut aux remakes américains qui choisissent alors la surenchère grand-guignolesque pour combler leurs lacunes en la matière.

    Les seules failles notables de Ring sont ses quelques trous noirs au niveau du scénario ainsi que ses personnages un peu creux auxquels l’on a du mal à s’identifier. Le manque d’explications de certains points secondaires de l’intrigue peut produire une fois le film terminé une sensation d’inachevé que le scénariste Hiroshi Takahashi aurait facilement pu éviter. Mais il est possible aussi que cette légère déficience scénaristique soit due à l’œuvre originale dont Ring est en fait l’adaptation : le roman du même nom de Koji Suzuki, également l’auteur de Double-Hélice, Ring 0 et L’Eau Flottante, dont est tiré le film Dark Water.
    En définitive, Ring peut certes être légitimement considéré comme l’initiateur de l’importation du yurei eiga sur les sols américains et européens, mais il est aussi et surtout une œuvre formidablement innovante et intéressante tant par son concept diégétique original que par sa mise en scène sophistiquée qui parvient sans mal à distiller l’horreur même auprès des spectateurs les plus chevronnés. En bref : Ring est un classique du genre horrifique made in Japan parfaitement digne de l’engouement qu’on lui porte.

    Par Emmanuelle Ignacchiti

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