Saw II (2005)

Pour ce deuxième volet, James Wan laisse sa casquette de réalisateur à Darren Bousman pour porter celle de producteur pour la première fois. Difficile de marquer autant les esprits que son prédécesseur mais Saw 2 a su se montrer suffisamment qualitatif pour amorcer l’une des plus grandes sagas de l’horreur.

Le film s’ouvre sur un crime perturbant illustré avec un style saccadé, les ingrédients de Saw sont présents mais le style diffère quelque peu, on comprend très vite que cette suite mise davantage sur le gore que sur le scénario en lui-même (et ça n’ira pas en s’arrangeant avec les volets suivants). Quoi qu’il en soit, lorsque que l’on va voir un Saw, ce n’est pas pour être conquis par un récit profond et marquant mais bien pour vivre une expérience viscérale unique. Et là-dessus, Saw 2 n’est pas du tout décevant. Les crimes sont imaginatifs et les maquillages et autres effets sont horriblement convaincants. En focalisant le récit sur un groupe de personnes prises aux pièges d’un tueur plutôt créatif, on découvre des dynamiques groupales très intéressantes qui mènent à des atrocités peu fréquentes dans ce type de films. Ici les dangers se trouve non seulement dans les dispositifs meurtriers mais également dans chaque protagoniste. Cela apporte beaucoup au récit et à l’intensité du film.

Bien que ce soit ce que l’on retiendra de Saw 2, les scènes de torture ne sont pas l’unique atout du film. Les personnages sont, certes, assez caricaturaux mais néanmoins intéressants et surtout très pertinents avec les modes opératoires du tueur. De plus, même si l’intrigue policière est relayée au second plan, elle reste plutôt prenante et mènera vers un dénouement relativement surprenant et crédible. Saw 2 est donc globalement un bon film, divertissant et bien rythmé, on ne s’ennuie pas devant une telle cruauté. Mais il faut avouer que ce concept (très fort) initié en 2004 n’avait pas spécialement besoin d’être étiré jusqu’au dégout. Ce genre de films se regarde pour l’expérience ; à la frontière entre fascination et répulsion, le but étant de vivre quelque chose d’unique. Ce concept perd donc en puissance lorsque cette violence visuelle est normalisée par un nombre incessant de suites. Et si cette saga s’éternise c’est grâce (ou à cause) de Saw 2.

Alors oui Saw 2 est réussi et mérite sa place au panthéon du gore. Mais c’est aussi par sa faute que ce panthéon bat de l’aile et ne choque plus autant qu’il ne le devrait.

Joanny Combey