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Sound of My Voice

Affiche du film "Sound of My Voice"

© 2011 Skyscraper Films − Tous droits réservés.

On l’attendait LE film du Festival de Strasbourg, le film qui allait faire chavirer nos coeurs. Et il se peut que Sound of my Voice soit celui-ci : celui qui sort du lot et qui reste en tête des heures après l’avoir vu. Premier film réalisé par Zal Batmanglij, il a été aidé à l’écriture  par Brit Marling ( qui a marqué les esprits depuis Another Earth). Pépite indépendante du même distributeur que Martha, Marcy, May, Marlène, Sound of my voice fait parler de lui depuis quelques semaines puisqu’en début d’année, les 12 premières minutes du film ont été dévoilées sur internet histoire de faire monter la sauce. Et pour enfoncer le clou, ils nous ont même sorti une bande-annonce interactive : à plusieurs reprises, vous pouvez arrêter la vidéo et là une icône loupe apparait et vous pouvez cliquer, le trailer se fige et deux options s’offrent à vous : regarder la vidéo ou le site associé au trailer, ou poster un commentaire.

En ce qui concerne le film lui-même, le spectateur se fait vite happer par ce qu’il voit et ce, dès les premières minutes. Ils se retrouve presque hypnotisé tout comme ces âmes perdues victimes consentantes d’une manipulation si charmante. Il faut dire que les sectes existent sans doute depuis qu’il y a des individus en quête de réponses à des questions qui les dépassent totalement, questions bien souvent induises dans leur esprit par un être intelligent et protecteur, qui pense pour eux. Ces gourous exploitent alors la crédulité et la vulnérabilité de ces gens si bien que de nombreuses histoires inquiétantes ont d’ailleurs été associées à ce genre de lavages de cerveau au fil des ans, comme les cas d’exploitations, de vols  ou de suicides collectifs.

C’est avec une grande certitude, de convictions et une volonté de faire la lumière sur cette organisation étrange que Peter et Lorna décident d’infiltrer cette secte et d’en filmer leurs pratiques pour en faire un documentaire. Et lorsque Maggie raconte son histoire en prétendant venir de l’an 2054 et vouloir préparer ses « élus » au futur difficile qui les attend, on est malgré tout sceptique, même si le charme fou de cette Maggie pourrait nous faire douter. C’est bien entendu sur cette potentielle crédulité que le réalisateur Zal Batmanglij fera vasciller ses personnages et le spectateur par la même occasion. La question sera dès lors de savoir quelle moitié du duo se laissera convaincre de la légitimité des dires de Maggie, eux qui oscilleront de plus en plus entre leur désir de mener leur projet à terme et l’interprétation de certaines informations qui laisseront planer une incertitude par rapport à tout ce qui est dit. Etant donné que rien de vraiment concret n’est dévoilé et qu’aucun des élus ne demande de véritables “preuves” de ce qu’avance cette femme, la foi ou l’esprit critique est tout ce qui leur reste.

L’histoire prend donc toute la place, et la mise en scène est à son service : simple et même minimaliste. Alors qu’il aurait pu être bancal, le métrage réussit fort heureusement à cimenter sa position fragile entre absurde et vraisemblance. Et la conclusion, forcément frustrante, est finalement parfaite tant le réalisateur reste fidèle à ce qu’il a construit pendant 1h30.

Sound of my voice est donc une pure réussite, poétique qui remet en question tout ce que l’on croit savoir. Brit Marling tient presque tout le film à elle tout seule, et sa présence magnétique en fait une petite merveille.

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