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The Human Centipede II (Full Sequence)

Affiche du film "The Human Centipede II (Full Sequence)"

© 2011 Six Entertainment − Tous droits réservés.

Martin est un quadragénaire handicapé mental fasciné et obsédé par le film “The Human Centipede”. Il cherche à créer à sa manière le fruit de la création entrepris par le Docteur Heiter dans le film original. Son objectif est de faire un mille-pattes avec douze personnes, toutes reliées de la tête à l’anus pour ainsi créer le plus long tube digestif au monde.

Au cinéma, il y a parfois des règles à la logique étrange qu’il vaut mieux ne pas transgresser. Le fait qu’une suite soit TOUJOURS moins bonne que son prédécesseur par exemple – pour ne pas dire carrément pourrie – en est une, et une majeure. Nombreux sont les films à avoir tenté de briser ou de contourner cette règle quasi-immuable et intemporelle, sans jamais y parvenir… Eh bien, je suis heureuse de vous apprendre – si comme moi vous ne vous en étiez pas déjà doutés – que The Human Centipede 2 en fait bel et bien partie !

En effet, fort du succès et du pécule engrangés par le premier du nom – et peut-être aussi légèrement avide de s’en mettre toujours plus dans les poches, mais chut ! ça, faut pas le dire –, le réalisateur néerlandais Tom Six et son équipe ont pensé que ce serait vraiment une formidable idée que de donner suite à un film qui se suffisait déjà à lui-même, ne serait-ce que par son concept à mon sens pas vraiment voué à la pérennité… Mais non, vous comprenez, c’est tellement drôle le caca, autant en rajouter une couche ! Donc rebelote, mais cette fois-ci, ça sera pas seulement trois mais douze personnes en train de se faire du bouche-à-cul – ben oui, plus on est de fous, plus on rit ! – et, au lieu de suggérer les conséquences logiquement engendrées par l’état grotesque de mille-pattes humain, on va tout montrer, car en fait, la subtilité, c’est nul. Mauvaise pioche pour Tom, car en nous jetant à la face une telle merde – sans mauvais jeu de mots –, non seulement ce dernier perd tout semblant de crédibilité – du moins à mes yeux… ce qui est déjà triste en soi – mais ce faisant, il entache l’originalité de sa première œuvre en l’inscrivant dans une lignée de films tous plus bâclés, opportunistes et pathétiquement commerciaux les uns que les autres, comme la série des Saw et des Paranormal Activity, entre autres. Mais, assez de violence – c’est les vacances après tout ! –, tâchons de mettre un peu le sarcasme de côté et d’analyser un tant soit peu ce qu’il y a d’analysable dans cette séquelle qui a tout de la mauvaise blague…

Déjà, ça commence mal : en dépit de l’illusion d’un semblant d’esthétique induite par le choix du noir et blanc, on sent dès les premières images que le film ne sera pas de la même trempe que le premier. On se souvient tous du magnifique docteur Heiter (Dieter Leiser), parfait avatar du savant fou nostalgique de ses années de gloire passées où il pouvait charcuter ses semblables en toute impunité, avec une petite touche en plus de « Nazi Attitude » qui faisait toute la différence. Ça, c’était un méchant qui avait de la classe, du charisme, un potentiel horrifique à revendre… Et qu’est-ce qu’on nous envoie à la place ? Un nain de cirque gras du bide qu’on s’attend à voir sortir ses cymbales accompagné d’un ouistiti qui joue du tambourin à tout moment, caricature ambulante du psychopathe vulgarisé dans tout ce qu’il a de plus navrant.

Alors, je vous le donne en mille : papa aimait bien jouer à l’inceste avec ses mains – oooh comme c’est original ! – ; maman est une hystérique qui aime bien jouer du couteau et leur rejeton difforme, répondant au doux prénom de Martin, s’éclate à se masturber dans de la laine de verre tout en matant en boucle le film qui bouleversa sa vie de pervers polymorphe : The Human Centipede. Sans compter que son voisin est un skinhead amateur de Hardtek qui lui casse régulièrement la gueule et que même son psy semble vouloir se le taper. Que la vie est cruelle… Et là les défenseurs du film diront : « Waouuuh, mais c’est vraiment fou tout ça, oh là là, c’est vraiment trop horrible, c’est normal qu’il soit devenu un psychopathe, ben oui, voilà qui explique tout ! »… Mais si vous aussi, vous trouvez que ça fait beaucoup pour un seul homme, sachez que la surenchère exponentielle du traitement psychologique de bas-étage de ce personnage tout aussi vide que chiant est simplement à l’image de celle, franchement insupportable, qui régit le film tout entier – je reviendrai sur ce point un peu plus tard.

Nous avons donc un ersatz de Humpty-Dumpty muet, claudiquant et accro à la Ventoline qui, en fan inconditionnel du docteur Heiter, s’est mis en tête de terminer son œuvre… Le fait est que le petit a en plus le sens du challenge : son mille-pattes humain sera quatre fois plus long ! Ben oui, c’est ça la magie de la surenchère ! Pour ce faire, il va devoir capturer et séquestrer douze personnages pour lesquels nous n’éprouverons jamais le moindre sentiment d’empathie, absence totale de consistance oblige, qui tenteront de toutes leurs forces de s’échapper des griffes de leur détracteur – comprenez : en se dandinant sur place tout en poussant des cris d’animaux bizarres. Bref, nous aurons ensuite le privilège de le voir mener à bien son projet avec les moyens du bord – couteaux de cuisine et agrafeuses s’étant substitués aux instruments chirurgicaux du docteur Heiter – et c’est précisément là que les choses se corsent…

En effet, outre le vide abyssal qui caractérise absolument TOUS ses personnages, The Human Centipede 2 prend le (mauvais) parti de troquer l’ambiance suggestive et redoutablement malsaine du premier pour une démonstration grand-guignolesque de sadisme forcé où les effusions de gore côtoient le ridicule et le mauvais goût de bien trop près pour passer inaperçus. Ça crève les yeux : le film veut choquer à tout prix – ce qu’il ne parvient jamais à faire – en accumulant compulsivement des scènes cradingues qui nous laissent toutes froids comme des cadavres. Le gore passe par des séquences de charcutage dénuées de toute portée dramatique et donc de tout semblant d’impact émotionnel durant lesquelles tout nous est montré dans les moindres détails sans aucune classe ; mais aussi par des bouffonneries scatologiques dont il vaut mieux rire que pleurer et des déchainements de cruauté outranciers – donc jamais crédibles – de la part du pauvre taré improvisé chirurgien de fortune. En définitive, la violence n’est jamais viscérale, et encore moins esthétisée, juste improbable, donc inefficace…

Non content d’avoir tout misé sur la surenchère stérile, The Human Centipede 2 cumule les bourdes : comportement absurde des personnages ; incohérences scénaristiques ; invraisemblance des situations ; sans parler des acteurs, obligés de surjouer leurs rôles pour pallier au cruel manque de profondeur de leurs personnages, ou peut-être tout simplement mauvais. Chaque tentative d’instaurer un semblant de suspense pour raviver un tant soit peu notre intérêt tombe donc irrémédiablement à plat, nous mettant presque mal à l’aise pour Tom Six qui semble ne jamais se lasser d’enterrer un peu plus profondément son film au fil des scènes ratées.

Et l’intrigue dans tout ça ? Là aussi, tout est atrocement vide ! C’est simple : il ne se passe strictement rien jusqu’à la dernière demi-heure, celle du « massacre » carnavalesque, qui clôt le film de la manière la plus affligeante qui soit. Rétrospectivement, on se rend compte que le choix d’un film en noir et blanc, que l’on aurait éventuellement pu prendre pour une recherche esthétique visant à l’élaboration d’une ambiance particulière – peut-être différente de celle du premier, mais pas forcément naze –, ne sert qu’à donner l’illusion de camoufler la vacuité accablante qui caractérise si bien The Human Centipede 2, la séquelle qui n’aurait jamais du voir le jour.

Trop de malsain tue le malsain, et The Human Centipede 2 en est la preuve : à force de vouloir trop en faire, d’en foutre plein la vue à grands renforts de gore et de sale, ben on fait de la merde. Si encore le film ne se prenait pas tant au sérieux, comme le Grotesque de Kôji Shiraishi, par exemple, ça aurait peut-être encore pu passer, mais là, c’est carrément pire que le dernier des Saw… Sans compter qu’on a vite fait le tour d’un sujet aussi absurde que le plus long tube digestif du monde, un film aurait probablement suffi. Après l’impact de The Human Centipede, on était en droit d’en attendre un peu plus de la part de cette suite incroyablement foirée et somme toute malvenue,  en un mot : décevante. Enfin,  je terminerai en précisant que le fait qu’elle soit interdite aux moins de 18 ans dans plusieurs pays – voire interdite tout court – ne peut en aucun cas suffire à en faire une œuvre de qualité.

A voir peut-être pour Humpty-Dumpty qui fait des prouts avec sa bouche…

Par Emmanuelle Ignacchiti

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