Virus cannibale

Virus cannibale (1980)

  • Titre original: Virus
  • 1 h 36 min | Horreur | 17 novembre 1980
    Note
    2/10
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    Un journaliste américain, informé par des écologistes, s'aperçoit qu'une centrale nucléaire fabrique un virus destiné a régler le problème de la surpopulation a la surface du globe.

    Nouvelle-Guinée. Un accident à l’intérieur de ce qui ressemble à une centrale nucléaire transforme les employés et les habitants de la région en monstres cannibales. Contaminés par un virus fabriqué e laboratoire dans le but de régler le problème de la surpopulation de la planète les morts-vivants se jettent sur les soldats du commando d’élite envoyé par le gouvernement. Rapidement, la situation devient incontrôlable et l’horrible contagion se répand dangereusement…

    Après visionnage, une question se pose d’emblée : Hell Of The Living Dead serait-il le nanar ultime que l’on attendait tous ? Bien que Virus Cannibale (en français) constitue en soi une aberration totale, force est d’admettre qu’il s’agit là du long-métrage le plus réussi – ou plutôt le moins pourri– de feu Bruno Mattei (Zombi 3 ; Horror Cannibal ; L’Ile des Morts-Vivants), bien connu des cinéphiles nanarphages pour son statut de maître incontesté de la série Z et son goût immodéré du plagiat sans scrupules. En effet, et pour une fois, celui qui se cache sous le pseudonyme de Vincent Dawn (peut-être par peur des représailles ?) a pu bénéficier pour on ne sait quelle raison d’un budget plus ou moins correct pour mener à bien son projet qui dès les premières minutes semble fort s’inspirer d’un certain Dawn Of The Dead de 1978 (nous y reviendrons un peu plus tard)… Toujours épaulé par son fidèle collègue scénariste-producteur opportuniste Claudio Fragasso (Zombie 4), Mattei nous livre ce qui restera dans l’histoire du cinéma comme le nanar le plus ambitieux de tous les temps…

    En effet, ce qui frappe dès le générique d’introduction, c’est la présence inespérée au casting du groupe Goblin, à qui l’on doit les excellents scores de chefs-d’œuvre du cinéma d’horreur tels que Les Frissons de l’Angoisse ou Suspiria de Dario Argento, entre autres. Comment expliquer cet évènement surréaliste ? Eh bien, c’est simple : ce cher Mattei s’est tout bonnement cru en droit de pouvoir dérober plusieurs des morceaux composés pour la version Argentesque du film Dawn Of Dead et le moins connu Contamination de Luigi Cozzi. Gonflé, le Bruno… Mais les similitudes avec le film culte de George A. Romero ne s’arrête pas là, notre réalisateur italien préféré ayant poussé le vice jusqu’à carrément copier certains éléments de l’intrigue de Dawn Of The Dead. Après une scène d’introduction parfaitement risible ou des ersatz de scientifiques affolés se contentent de balancer des termes techniques à-tout-va (« Évacuez le module Antarès » ; « Point de convergence OK ») en appuyant toutes les trois secondes sur des boutons clignotants, nous retrouvons un commando de soldats d’élite entièrement vêtus de bleu chargés de pénétrer un immeuble où a lieu une prise d’otages. Cela ne vous rappelle rien ? Attendez donc d’apprendre la suite… Mattei, pas malin, a même eu l’idée géniale (et ô combien originale) d’accompagner cette scène du même morceau musical que celle de Dawn ! La ressemblance est alors frappante, et ce qui était de l’ordre de l’étrange sentiment de déjà-vu se transforme tout à coup en certitude indignée : cette scène est bel et bien plagiée.

    Ainsi Hell Of The Living Dead s’efforce t-il vainement d’implanter son scénario dans un univers similaire, voire parallèle, à celui du deuxième volet de la saga Romerienne… Entreprise tout ce qu’il y a de plus raté. En effet, l’histoire du film atteint des sommets de banalité en matière d’invasion zombiesque, jugez-en par vous-mêmes : l’Occident, toujours à l’affût de quelque trouvaille technologique pour imposer sa supériorité écrasante au reste de la planète, met au point une arme bactériologique censée éliminer le Tiers-Monde de manière définitive. Naturellement, la centrale chargée de fabriquer cette arme redoutable, basée en Nouvelle-Guinée, connait un accident tragique. Tous les scientifiques sont éliminés et le virus mortel se répand à l’extérieur, entraînant alors un génocide aux conséquences bien plus lourdes que ce que ses instigateurs auraient pu imaginer. Dans ce foutoir, des militaires en mission secrète en Nouvelle-Guinée vont croiser la route de deux journalistes venus enquêter sur les faits. Ils vont alors tenter de survivre à une population transformée en morts-vivants affamés de chair humaine… Rien de bien original, en somme, traité qui plus est avec de très, très grosses ficelles et une cruelle absence de dynamisme. Non, vraiment, Bruno Mattei n’est pas ce que l’on peut appeler un cinéaste doué.

    Mais ce qui est bien avec Hell Of The Living Dead, c’est qu’il peut aussi faire office de documentaire animalier, pour ceux qui rêvent de terres sauvages à leurs heures perdues. Je m’explique… Le film contient autant de scènes effectivement tournées que de stock-shots tout ce qu’il y a de plus inutiles et repérables à deux cent kilomètres ! En effet, Hell fourmille de plans plus ou moins longs – quand ce ne sont pas des séquences entières – piqués ça et là à des documents d’archives portant sur des animaux exotiques ou des tribus originaires d’on ne sait où. Entre deux plans de dialogues, hop, un petit plan d’un singe qui grimpe à un arbre… Après une scène de lutte contre les zombies, hop, une petite scène d’un coyote qui chope et dévore une espèce de ragondin… Navrant. Il y a tellement d’exemples de ce type que le film en devient vite insupportable, surtout que cela n’apporte strictement rien à l’histoire et ne sert au final qu’à rallonger la durée du métrage. Mais quand le maître du détournement essaie de nous faire passer des vessies pour des lanternes, le résultat en devient carrément hilarant… Preuve en est cette magnifique séquence où la conne de journaliste Lia Rousseau, après s’être tout à coup foutue à poil et peinturluré les seins pour approcher l’une des soi-disant tribus Papou – le quota de nudité de tout bon nanar étant ainsi respecté –, observe un rite funéraire censé se dérouler devant ses yeux grâce à la magie d’un champ-contrechamp tout à fait dérisoire. Ça crève les yeux que cette scène a été volée, déjà par le fait que l’actrice ne soit jamais dans le même plan que ces authentiques indigènes, mais aussi et surtout par la différence énorme de lumière, de grain de l’image et de cadrage qui existe entre les deux plans. Le pire reste sans nul doute les efforts complètement vains du maquilleur pour faire ressembler ses pauvres figurants aux indigènes des stock-shots… Quand on voit dans un plan volé l’aspect très réaliste (puisque réel) des membres de la tribu en question et dans celui qui suit (tourné) la tronche ridicule des acteurs du film, on ne peut que rire à gorge déployée tant on se dit que ce tordu de Mattei cherche vraiment à nous prendre pour des cons. Il y aurait encore des pages et des pages à écrire sur cet aspect du film, mais il est grand temps d’aborder un autre sujet tout aussi intéressant.

    Parlons un peu des zombies, puisque malgré ses trompeuses apparences de documentaire diffusé sur Arte à cinq heures du mat’, Virus Cannibale n’en reste pas moins un film de zombies. Curieusement, leur design reste très aléatoire – et on se demande bien pourquoi – : ceux-ci ont la face tantôt grimée de noir, parfois de vert, quelquefois encore de blanc, quand ils ne sont carrément pas maquillés du tout. Néanmoins, les zombies ont au moins l’avantage de ne pas courir, de ne pas parler, de ne pas tendre d’embuscade etc., même si certains d’entre eux ont l’incroyable faculté de s’installer comme si de rien n’était sur le siège d’une voiture en marche… Mais bon, dans l’ensemble, ils sont plutôt convaincants, leur démarche lente et saccadée ainsi que leurs gestes désarticulés suffisant à les rendre un tant soit peu crédibles, même si tous les figurants ne sont pas égaux en termes de qualité de jeu. Il est malheureusement loin d’en être de même pour les acteurs… La plupart d’entre eux se contente de faire acte de présence en ayant l’air de souhaiter plus que tout au monde être ailleurs, sauf peut-être l’acteur Luis Fonoll (Osbourne dans le film) qui apporte un petit grain de folie à son personnage pourtant voué à être aussi cruellement vide que ses comparses. Sans parler de l’actrice Margit Evelyn Newton, qui interprète Lia Rousseau et qui croit dur comme fer que faire les gros yeux à tout-bout-de-champ suffit largement à exprimer la terreur la plus profonde. Faut dire aussi, les dialogues ne sont pas là pour les aider (« On prend ce putain de radeau et c’est parti mon kiki. »), pareil pour les doublages français, hideusement datés et constamment à côté de la plaque. Heureusement, les scènes gore, sans être particulièrement réussies, demeurent correctes et participent un peu à rattraper ce foutoir en y injectant un semblant d’intérêt épisodique.

    Hell Of The Living Dead est donc certes un film nul à chier mais qui comporte ce petit je-ne-sais-quoi de délicieusement kitsch qui le rend involontairement drôle et pas si désagréable que ça à mater. De plus, son absence totale de complexes (je parle bien sûr du plagiat de Dawn et des stock-shots), qui demeure tout de même assez incroyable, lui confère un aspect ludique non négligeable qui vient combler un peu le vide intersidéral de son scénario téléphoné. A voir entre fans de nanars ultimes pour se marrer un bon coup !

    Par Emmanuelle Ignacchiti

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