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Wishmaster

Affiche du film "Wishmaster"

© 1997 Pierre David − Tous droits réservés.

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C’est en faisant l’expertise d’une pierre précieuse extrêmement rare qu’Alexandra réveille accidentellement le Wishmaster, un djinn maléfique qui se nourrit de l’âme des humains depuis des temps ancestraux.
S’il parvient à convaincre la personne qui l’a tiré de son sommeil millénaire de souhaiter trois vœux, le djinn pourra alors régner en maître sur le monde. Alexandra, qui a étudié le mythe du djinn, va alors tout tenter pour arrêter l’ascension inévitable du Wishmaster, bien décidé à exaucer ses trois vœux…

Wishmaster est le second long-métrage de Robert Kurtzman (The Demolitionist, The Rage, Buried Alive) et il s’agit, disons-le sans fausse modestie, d’une franche réussite. Déjà bien connu dans le monde du cinéma d’horreur pour ses nombreuses contributions artistiques en tant que directeur des effets spéciaux  pour des films tels que Evil Dead II, Tremors ou encore Scream ; Robert Kurtzman endosse une nouvelle fois la casquette de réalisateur en 1997 et nous livre un film remarquablement réussi qui ne tarda pas à devenir culte pour les amateurs du genre.

C’est tout d’abord l’ambiance fantastique profondément obscure du film qui surprend autant qu’elle émerveille. Dès la séquence d’introduction, le spectateur est plongé quelques millénaires en arrière et assiste impuissant à l’envergure incommensurable des pouvoirs magiques du djinn. C’est alors une véritable scène d’apocalypse qui s’offre à lui, le djinn incarnant à lui seul toutes les facettes de l’horreur telle que l’on peut l’imaginer. Cette séquence complètement déjantée vise à nous mettre dans le bain de gré ou de force en nous en mettant plein la vue grâce à une profusion de plans spectaculaires, effets spéciaux de Greg Nicotero à l’appui, et de nous proposer un aperçu bien précis de ce qui va suivre. Et pas besoin de faire la fine bouche pour apprécier l’effort créatif de la mise en scène, les métamorphoses et autres envoûtements maléfiques qui s’opèrent successivement sur un rythme survolté étant tout simplement hallucinants d’inventivité. Et quand on pense que cela va être ainsi tout au long du film, on ne peut que saliver d’avance…

Ainsi, l’histoire de Wishmaster se déroule au fil des apparitions magistrales du djinn qui excelle dans l’art de piéger de pauvres âmes humaines en leur promettant l’impossible. Andrew Divoff (The Rage, Another 48 Hrs., Magic Man) est d’ailleurs plus que parfait dans ce rôle qui semble fait sur-mesure à son charisme exceptionnel, conférant au personnage du Wishmaster une classe et une prestance qui l’érigent au digne rang de figure incontournable du cinéma horrifique contemporain. Il émane de son personnage une telle aura démoniaque que celui-ci force la crainte tout autant que le respect, paradoxe des plus réjouissants pour le spectateur fan de films d’horreur. C’est donc avec un immense plaisir que nous assistons aux mises à mort de nombreuses victimes qui s’autodétruisent sans même s’en rendre compte, le plus souvent par cupidité ou méchanceté. Ce concept d’entité intrinsèquement mauvaise qui ne peut pourtant rien accomplir tant que l’on ne l’a pas sommé de le faire est à la fois original et intéressant ; en effet, il implique que les humains qui ont rencontré le Wishmaster sont les seuls responsables de leur mort et que le djinn ne fait que se servir de leurs plus bas instincts pour accomplir ses sombres desseins. Tous les vœux formulés par ses victimes sont motivés par le profit personnel et revêtent toujours un caractère superficiel qui délivre un constat plutôt pessimiste sur les préoccupations principales de l’humanité. Le djinn apparait alors comme une sorte de « purificateur » qui, d’une certaine manière, libère le monde de rebus allègrement dispensables qui par leur nombre et leur influence constituent la société telle qu’elle est aujourd’hui : égoïste et intéressée.

Mais le Wishmaster lui-même est très loin d’être loyal… Aussi, il n’a de cesse d’interpréter à sa façon les souhaits que les humains lui formulent, toujours à leur désavantage bien sûr, ou même d’entendre des vœux là où il n’y en a pas. Ces scènes, souvent très drôles, constituent en quelque sorte le point d’orgue du film, car l’humour noir est ce qui le caractérise le mieux, bien plus que l’épouvante qu’il est susceptible de susciter chez certaines personnes de par ses scènes parfois très gore. Il est absolument jouissif de voir le djinn évoluer en se jouant des personnes qui ont le malheur de se trouver sur son chemin ; cela est dû en partie à l’interprétation d’Andrew Divoff, mais aussi à l’efficacité indéniable du scénario parfaitement abouti de Peter Atkins (Hellraiser II, III et IV).

La présence de Robert Englund, acteur-culte depuis son interprétation de Freddy Krueger dans la saga légendaire de Wes Craven qui par ailleurs a produit Wishmaster, est également un élément fort du film. Bien que son rôle aille à contre-courant de ceux qu’il joue habituellement, son talent réussit à le faire se démarquer voire même parfois éclipser la performance des autres acteurs qui lui donnent la réplique. Et quand Andrew Divoff se joint à lui pour un dialogue explosif lors de la célèbre scène de la soirée organisée dans le musée, l’on sent bien que deux grands acteurs sont en train de nous livrer le meilleur d’eux-mêmes sans toutefois négliger de prendre leur pied. L’énergie qui se dégage de leur unique interaction du film vaut à elle seule le détour tant elle constitue un véritable plaisir de cinéphile.

Wishmaster est donc un film culte dans la filmographie de Robert Kurtzman mais aussi dans le vaste univers du cinéma d’horreur, grâce à la qualité de sa réalisation et à la prouesse artistique, résolument originale, dont il fait preuve. A mettre entre toutes les mains sans vergogne.

Par Emmanuelle Ignacchiti

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