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Angoisse

Affiche du film "Angoisse"

© 1987 − Tous droits réservés.

Dans une salle de cinéma, des spectateurs regardent « The Mommy », film d’horreur suivant un ophtalmologiste psychopathe collectionnant les yeux de ses victimes sous  la pression de sa maman (la toujours flippante et sous hélium Zelda Rubinstein). Au fil de ce « film », l’une des spectatrices, de plus en plus mal à l’aise, surprend le comportement étrange de l’un des spectateurs assis non loin d’elle. Et quand le tueur du « film » arrive dans un cinéma de quartier pour élargir sa collection, la réalité semble rejoindre la fiction.

Une des principales originalités d’ « Angoisse » (aka « Anguish » ou « Angustia » selon les éditions) est sa mise en abyme jouant sur plusieurs niveaux de films. Un effet qui prend toute son ampleur psychédélique lorsque deux écrans de cinéma visibles dans le même plan projettent des séquences se répondant – la scène de panique des spectateurs dans « The Mommy » en réponse à la panique générale dans « Le Monde Perdu » – ou lors d’un final tout en kaléidoscope de réalités. Perte de repère, sentiment d’oppression, paranoïa grandissante, le réalisateur met en scène les effets d’une séance d’hypnose cauchemardesque.

© 1987 − Tous droits réservés.

Bigas Luna, en plus de mettre son concept en image de façon souvent bluffante, en rajoute dans le barré avec un film-dans-le-film truffés de détails étranges, voire carrément glauques. Porté par les prestations habitées de Zelda Rubinstein et Michael Lerner, « The Mommy » se charge ainsi presque jusqu’au pastiche des obsessions récurrentes chez le réalisateur/scénariste espagnol des « Macho » et « Jambon Jambon », que ce soit le rapport aux animaux domestiques, les liens maternels et le plus souvent poussé dans des extrémités dérangeantes.

Le réalisateur te prévient dès le début et littéralement – via un panneau d’avertissement – que certaines scènes te retourneront peut-être la tête. Les nerfs seront aussi mis à l’épreuve lors de cette longue et oppressante séquence d’hypnoses mêlant effets sous acides, échos et boucles sonores pour mieux martyriser les spectateurs du film. Cela évidemment monté sur des images aussi évocatrices qu’un escargot se promenant sur un pigeon… Pour le reste, hormis ces incartades, le rythme reste soutenu et Bigas Luna maîtrise son suspense et ses effets. La mise en scène de certains meurtres rappellera aussi le meilleur du giallo.

Le côté ouvertement fantastique du final avait gêné certaines critiques. Pourtant, tout en restant à la frontière du genre, le film instille le doute quand à la réalité des événements et sur la possible passerelle surnaturelle entre l’écran et la réalité. Une confusion entretenue avec talent pour cette petite perle du cinéma de genre. En oscillant entre giallo surréaliste et  film conceptuel,  Bigas Luna t’amène insidieusement sur ses territoires étranges et oppressant.

Par Alex B

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