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Antiviral

Affiche du film "Antiviral"

© 2012 Alliance Films − Tous droits réservés.

Après avoir été contaminé par un virus qui a tué la superstar Hannah Geist, Syd March, un employé d’une clinique qui se spécialise dans la vente et l’injection de virus cultivés sur la peau de célébrités à des fans, doit élucider le mystère entourant cette mort pour sauver sa propre vie.

Oui, il s’agit bien du fils de son père, mais Brandon Cronenberg semble avoir tué la figure paternelle tant sa signature s’affirme (déjà) singulièrement et se démarque de la patte de David. On l’imagine davantage en héritier du Danois Nicolas Winding Refn (Drive, Le Guerrier Silencieux, Pusher). Autant que ce dernier, il travaille l’épuration ainsi que la contemplation brute et brutale. Après une présentation et 7 nominations à Cannes en mai dernier dans la section Un Certain Regard, Antiviral a atterri là où il devait, à l’Étrange Festival.

Avec ce premier long-métrage, Brandon rend tout de même hommage aux premiers pas de son papa à travers, notamment, une exploration troublante de la chair humaine. Ici, l’humain est une matière exploitable – ce qui n’a rien de très original – il se monnaie chèrement dans une société où la vie des anonymes, dévalorisée, ne prend sens qu’en se synthétisant à celle des stars. L’on s’arrache littéralement des bouts de célébrités, le fanatisme est à son comble et mène, inévitablement, à la destruction. Le public est un vampire, il se drogue à coup de virus inoculés par ses idoles.

C’est ici que Cronenberg fils se distingue. C’est dans le choix d’une anthropophagie suicidaire. Le cannibalisme est un sujet maintes fois traité, mais ce qui nous frappe dans Antiviral, ce n’est pas tant le désir de « manger de la star », mais le partage de cellules malades, malsaines. Le vrai sujet de ce film est la putréfaction. Celle de la société 2.0, celle des médias, résultat d’une starification mortelle. Cronenberg ne nous dit finalement qu’une seule chose : le système est malade. Ce message n’a absolument rien de révolutionnaire, mais son film est un objet intense dont on ne ressort pas indemne. Le spectateur, amateur de sang et de souffrance, est mis devant sa propre dimension vampirique, cette partie de lui qui lui réclame son compte de chair et de sang.

Parmi les nombreux points forts de ce film, on retient particulièrement la prestation de Caleb Landry Jones qui est à la mesure d’un premier rôle pour grand. L’acteur frappe autant par son physique androgyne et atypique que par son jeu, froid et inquiétant. La narration est simple, personne n’est lâché en route. L’histoire qui nous est contée se déroule comme elle le doit, au rythme d’une tension qui ne fait que monter. Le réalisateur parvient à restituer tout l’enjeu du film dans la mise en scène, en jouant brillamment avec une esthétique à la fois aseptisée, mais que l’on sent dangereuse et contagieuse.

Même s’il s’en dégage une certaine puissance scénique et esthétique, Antiviral n’est pas une œuvre parfaite, il faut bien lui trouver quelques défauts. On citera donc de petites longueurs qui nous font parfois décrocher et cette proximité avec une chanson de Britney Spears « Piece of me ». Rien d’insurmontable en somme.

Attention, Antiviral n’est pas agréable à regarder. Certains détourneront même le regard, la blancheur est aveuglante et l’ambiance sonore ne réconforte jamais. Ce n’est pas une partie de plaisir et c’est la force du film. On ne se repaît pas de ses semblables impunément !

Adèle

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