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La Colline a des yeux

Affiche du film "La Colline a des yeux"

© 1977 Blood Relations Co. − Tous droits réservés.

Evoquer aujourd’hui La Colline a des yeux, deuxième long-métrage de Wes Craven après La dernière maison sur la gauche, n’est pas simple. Le film se heurte à deux problèmes majeurs et rédhibitoires : il a plutôt mal vieilli et doit faire face au remake réalisé par Alexandre Aja.

Premier constat, le passage du temps ne sied pas à ce deuxième essai de Craven, un peu à l’image de son précédent La dernière maison sur la gauche, avec lequel le film entretient pas mal de points communs. Si son sujet reste étonnamment d’actualité, il n’es est pas de même quant à la forme du film. Outre son aspect poisseux, son image délavée et ses raccords à la limite de l’amateurisme par instants, La Colline… se veut reflet de son époque, notamment dans sa volonté de dépeindre une certaine idée de la famille américaine, son goût pour l’auto-défense, l’utilisation des armes à feu, la peur de l’inconnu…


Des défauts embarrassants

Ce témoignage de la fin des années 70 agresse l’oeil, tant les habitudes vestimentaires de l’époque (ah ! Ce tee-shirt seillant et ce petit short en jean moulant de Doug… , tout autant que la représentation du cannibale dégénéré, absolument ridicule tant dans le look que dans le comportement (malgré un Michael Berryman toujours aussi flippant) sont des obstacles pour le spectateur d’aujourd’hui. De plus, les personnages souffrent d’une caractérisation assez grossière, entre le grand-père flic et borné, amateur d’armes à feu, le gendre empoté qui devient force de la nature, la soeur braillarde et irritante…

Des scories qui heurtent d’autant plus aujourd’hui que le remake est passé par là et a su contourner ces défauts avec une prise de recul très appréciable. Très fidèle au matériau d’origine, le film d’Alexandre Aja a su reprendre un sujet qui n’a pas pris une ride, tout en y ajoutant des détails qui en font un survival d’excellente qualité. L’oeuvre de Wes Craven serait-elle alors totalement dépourvue d’intérêt ?

La gestion de la tension

Heureusement non. Comme le prouveront plus tard Les griffes de la nuit, L’emprise des ténèbres ou encore la série des Scream, Wes Craven sait faire monter la tension, et les trente première minutes du film sont à cet égard toujours aussi efficaces. La gestion de la menace extérieure est remarquable, la nature et l’identité des assaillants étant dans un premier temps soigneusement cachés, suggérés. Un peu à l’image, toutes proportions gardées, du travail d’un Carpenter sur Assaut. A cet égard, la première véritable irruption des sauvages intervenant au tiers du film est d’une brutalité bienvenue et cauchemardesque.

Dommage que la suite ait du mal à tenir la distance…

L’irruption de la violence

Dans un registre similaire à ce qu’il avait déjà fait sur La dernière maison sur la gauche, le cinéaste dépeint une cellule familiale troublée et désarçonnée par l’irruption de la violence, et dont les membres vont être contraints de se faire eux mêmes plus sauvages et sadiques que les agresseurs pour protéger et venger les leurs.

Reste un survival très daté donc, qui reste néanmoins une pièce maîtresse de la filmographie de Craven, ne serait-ce que pour la vague de descendants qu’elle a engendré… à commencer par sa propre suite… comment dire… mieux vaut ne rien dire.

Par Nicolas Mouchel

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