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Predators

Affiche du film "Predators"

© 2010 Twentieth Century Fox Film Corporation − Tous droits réservés.

Le remake/séquelle/préquelle du film de John Mac Tiernan était un des films les plus attendus de l’été par Films-horreur.com car on pouvait en espérer  de bonnes idées entrevues dans les quelques previews et un apport de la modernité visuelle qui pourrait donner un coup de jeune à la franchise déja agée de 23 ans. Mais j’ai eu très peur après avoir vu la bande-annonce : qu’on fasse de Prédators un survival de bas étages et qu’on gâche la richesse mythologique et la toile de fond du film original. Et bien, mes craintes étaient fondées.

Dès la scène d’ouverture où, tout comme le héros, on est parachutés dans l’inconnu et on ne sait pas trop où l’on atterrit, on se rend vite compte que la finesse, la mise en place progressive de l’action et l’intelligence du film original ne feront pas partie de ce métrage-ci. Dès le début, les réactions des personnages ne tiennent pas un instant la route ( et cela va durer ) : leurs décisions sont ridicules, ils devinent de suite, en voyant des crânes humains que se sont des trophées de chasse ce qui revient à supprimer la moitié de l’intrigue principale qui devait résider dans la découverte par les héros des monstres qui sont en train de les poursuivre. Le pire, c’est que ça n’a pas l’air de les affecter plus que cela, ils se rendent compte que quelque chose a été largué à cet endroit en même temps qu’eux et ça n’a pas l’air de les affecter, ils continuent leur crapahutage comme si de rien n’était.

En 10 minutes chrono, les personnages sont présentés, tous plus stéréotypés les uns que les autres : le black warrior, le prisonnier méchant et rasciste, la fille qui a des couilles, le russe qui a aussi des couilles et qui boit de la vodka, le médecin avec des lunettes ( pour faire intello ) qui sort des phrases savantes toutes les 5 minutes, le meneur courageux mais qui cache des failles .. Ajoutez à cela un mexicain moustachu, un asiat Yakuza pas très causant … Leur point commun ? Ce sont tous d’affreux meurtriers ou bien des soldats qui aiment faire le mal ( parce que la guerre c’est mal ! ). On a l’impression d’avoir affaire à une quelconque série Z, un bon vieux slasher où la galette de personnages ne sert finalement qu’a faire office de chair à pâté. Tellement peu de profondeur et de nuance dans un film qu’on a choisi de faire reposer justement sur les héros eux-mêmes, c’est quand même rare. Leur destin dans l’intrigue importe peu au spectateur tant les personnages sont agaçants et idiots. Je ne parlerai pas du rôle de Laurence Fishburne tant il est incompréhensible et inutile ( c’est bien la peine de passer 15 minutes à nous le présenter pour le faire déchiqueter par un Predator 5 minutes plus tard ).

© 2010 Twentieth Century Fox Film Corporation − Tous droits réservés.

Pour contrecarrer cet aspect là, je m’attendais à être surprise par les Prédators, par leur look, par leur évolution, leur histoire. Et bien là aussi, grosse déception. Ils ne servent en fait que de prétexte à une symbolique lourdingue de la bestialité humaine. Ils ne sont plus aussi efficaces et deviennent même aussi bêtes que les personnages qu’ils sont censés chasser. On en apprend certes un peu plus sur leur monde malgré tout : il existerait en effet une hiérarchie et une évolution de leur espèce. Mais cette bonne idée est tout juste effleurée et semble davantage servir de gadget narratif qu’à une relecture de cet univers qu’on aurait voulu beaucoup plus fourni et travaillé. Alors oui, il y a de bonnes idées, notamment les fameux chiens dont l’aspect pouvait paraître réjouissant, mais leur introduction qui se voulait originale est très vite baclée et se réduit à un simple shoot’em up, sans exploiter le potentiel horrifique qu’ils représentaient.

Le scénario ( écrit depuis des années par Robert Rodriguez parait-il ) est risible voire même inexistant tant on a l’impression qu’il ne se passe rien. La succession des scènes délaissent tout enjeu scénaristique et ne procurent aucune montée d’angoisse. J’ai eu l’impression d’une succession plans de 5 minutes mis bouts à bouts sans aucune volonté de cohérence, ce qui contribue à construire un faux rythme où il se passe finalement toujours la même chose ( ils marchent voient un truc qui leur fait peur, ils s’arrêtent, perdent l’un d’entre eux et repartent, remarchent .. ).

© 2010 Twentieth Century Fox Film Corporation − Tous droits réservés.

Il n’y a aucun suspens non plus : ce qui faisait la force du film de Mc Tiernan résidait dans ces moments de silence, où les Predators observaient et faisaient monter l’angoisse au fur et à mesure de l’histoire. Mais là, on a préféré un bavardage stérile qui nous ressasse ce qu’on sait déja, et pire, on a même pas envie d’en savoir plus.  On a juste envie que le film se termine, le plus vite possible. Côté action, rien de bien terrible non plus : les affrontements au fort potentiel se révèlent être mal filmés ( champ/contre-champ/Plan Large ), peu imaginatifs et faussement badass. Pas de gore non plus à se mettre sous la dent : le film de 1987 était beaucoup plus dérangeant de ce point de vue !

Pas grand chose à sauver de ce Predators inutile, vain et trop peu intelligent mâchant le peu de travail de réflexion par des redondances rageantes. Adrian Brody ne fait pas le poids ( c’est le cas de le dire ) on a l’impression qu’il s’est trompé de plateau de tournage. Trop gringalet et mono-expressif pour faire passer une quelconque émotion. Pourtant, il ne faut pas être un acteur extraordinaire pour transcender ce genre de film ( Schwarzenegger n’a jamais reçu d’oscar que je sache ) mais Brody ne tient pas une seconde la route ici.

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