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Sucker Punch

Affiche du film "Sucker Punch"

© 2011 Warner Bros. − Tous droits réservés.

Pour s’échapper d’un asile pour jeunes filles et d’une lobotomie prochaine, la jeune Babydoll (Emily Browning) se projette sur plusieurs niveaux d’imaginaires. Accompagnée de ses quatre bombasses de potes, soit Sweet Pea (Abbie Cornish), sa sœur Rocket (Jena Malone, ex-copine de Donnie Darko), Amber (Jamie Chung) et Blondie (Vanessa Hugdens), devenues  des guerrières quasi-invincibles, notre héroïne part récupérer quatre éléments pour pouvoir espérer gagner sa liberté.

Le public jeune et gavé de MTV semble être la cible de ce long clip fort en guimauve et traversé de proto-Pussycat Dolls. Cela justifierait alors le rôle prépondérant accordé à la BO, cela dès la scène d’ouverture défilant comme un clip sombre sur une reprise de Sweet Dreams. Une utilisation au moins aussi consternante et anti-climatique que le choix des titres alignant remixe hip hop de Queen – plus pompier tu deviens dingue – comme reprise pop guimauve de Where Is My Mind des Pixies, poussant le massacre jusqu’à une reprise des Stooges par ces has been de Skunk Anansie.

Zack Snyder livre un Brazil à la sauce Coyotte Girl et invente un pompiérisme apocalyptique presque aussi kitsch qu’un clip de Pink, recyclant sans aucune idée neuve tous les clichés de l’imagerie geek. Du rétro-futurisme au style Dungeon & Dragon en passant par le cyberpunk.

Laid et surchargé, le film s’enfonce dans une grandiloquence esthétique qui fait souvent de la peine. Sans direction artistique encadrée par un matériel de base aussi fort que le Watchmen de Moore ou le 300 de Miller, Snyder est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, brisant tous ses jolis jouets un à un sur une trame narrative mièvre et riquiqui, accumulant les scènes d’actions grandioses mais dénuées du minimum de viscéralité obligatoire pour impliquer le spectateur. Une conséquence du principe même du film et de sa mise en scène : dans l’imagination d’une jeune femme refusant la violence du réel, cette dernière se retrouve oblitérée du film tout comme son impact émotionnel. Pour le reste, si tu es encore impressionné par un plan séquence full 3D (Blade 2 le faisait déjà) digne d’une cinématique à la sauce cyber de God Of War, alors tu pourras apprécier ces séquences synthétiques de fight contre le vide. Sinon, hormis une séquence fébrile et brutale décimant quelques dizaines de soldats zombies en pleine tranchée, difficile de rentrer dans l’action et d’y trouver la moindre tension.

Niveau casting, nos cinq filles font ce qu’elles peuvent pour exister entre le fond vert et leurs doublures numériques, Jamie Chung et Vanessa Hudgens assurant l’option « pot de fleurs », le tout pour un résultat finalement aussi sexy qu’une bande de poupées en plastique trop maquillées. Pour ce qui concerne les personnages secondaires, difficile de rester sérieux devant Scott Glenn, éternel second rôle, ici en David Carradine du pauvre et débitant à chaque rencontre des punch lines digne d’un guide de sophrologie zen pour les débiles ou bien devant Carla Gugino et son pastiche d’accent polonais. On regrettera la sous-exploitation de Jon Hamm, le Don Draper de Mad Men apparaissant deux minutes dans le film.

Bref, quelques bonnes idées de mise en scène ne sauvent pas ce film consternant dans son ensemble. Mais Sucker Punch n’étant pas arrivé en tête du box-office US dès sa première semaine d’exploitation et les partis pris extrémistes (cela même dans le mauvais goût) suscitant toujours l’intérêt avec un recul chargé de 36ème degré, attendez vous à ce que dans cinq ans ce film soit décrit par certains comme le « grand métrage malade de Snyder. Culte et mésestimé. »

Critique par Alex B

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