Site icon Films-horreur.com

Super 8

Affiche du film "Super 8"

© 2011 K/O Camera Toys − Tous droits réservés.

On en parle depuis sa mise en chantier, voire même avant ! Ayant d’abord été vendu comme préquelle à Cloverfield lorsqu’on a appris que J.J. Abrams était sur le projet, Super 8 devait marquer l’année 2011. Et notre attente a été encore moins supportable lorsque Spielberg est arrivé à la production du film, et les plus enthousiastes se sont tout de suite pris à rêver au chef d’oeuvre.

Mais le risque majeur lorsqu’on attend un film depuis des mois, c’est inévitablement d’être déçu. Et ça a été notre cas avec Super 8. Car malgré l’association de ces deux monstres hollywoodiens, Abrams et Spielberg accouchent d’un pétard mouillé jamais original, qu’on regarde un peu passif.

La nostalgie semble toucher le monde culturel et surtout cinématographique depuis une dizaine d’années, et Hollywood est abonné aux remakes. Spielberg voulant se démarquer, a décidé de se rendre hommage à lui même ( et on a taclé Wes Craven pour avoir fait la même chose… bref… ) en surfant sur la vague revival des années 80. On espérait pourtant que le cinéaste puisse encore avoir des idées originales sous le coude après nous avoir livré des films à la fois touchants et époustouflants. Mais il semblerait que ça ne soit pas le cas et Super 8 se perd dans la référence permanente, flattant le cinéphile trentenaire nostalgique de la grande époque Hollywoodienne qui ne se rend même pas compte de la supercherie. Celui-ci, trop content de voir J.J. Abrams filmer un Alien “dirigé” par Spielberg, devient subitement très peu exigeant et se contente de références plus ou moins subtiles.

Car c’est un des reproches que l’on peut faire au film ( et qu’on rencontre de plus en plus au cinéma ) : le manque d’inventivité. Au hasard on retrouve donc un savant mélange des Goonies ( pour l’histoire vue du côté des enfants ), La Guerre des mondes ( où Spielberg  savait filmer des Aliens dignement ), Rencontres du 3è type ( quelques scènes presque copiées /collées ), Jurassic park ( avec la scène du bus la plus mal filmée depuis longtemps )  en passant par District 9

Pourtant, le film partait bien et le point de vue de cette bande de gamins des années 60 était d’une fraicheur assez plaisante. Leur volonté de faire un petit film avec les moyens du bord est même attendrissante. La galerie de personnages montre ce que Spielberg sait peut être faire le mieux : créer et développer des personnalités attachantes et construire une histoire qui capte l’attention du spectateur. Dans cette première demie-heure on s’amuse beaucoup et on se retrouve dans cette ambiance enfantine, en décalage avec le monde des adultes, trop préoccupés par leur vies respectives. L’accident de train ( le déclencheur de toute l’histoire ), qu’on avait aperçu dans la bande-annonce est tout simplement grandiose, filmé en plan séquence et saisissant de réalisme. Ça pête dans tous les sens et on a même peur de se prendre un wagon dans la tronche !

Mais c’est justement au moment où le film en lui même est censé démarrer que tout se gâte : au moment même ou l’armée commence à débarquer, Super 8 devient malheureusement ultra prévisible et même assez désagréable à regarder. En prenant le parti de ne dévoiler le monstre que petit à petit ( comme dans Cloverfield ) Abrams frustre le spectateur et les attaques successives de celui-ci où on voit tour à tour une jambe, ou une bouche lassent assez rapidement. Car là où on comprenait cette technique dans Cloverfield à cause de la caméra subjective, elle donne ici l’impression d ‘un teasing d’une heure où le réalisateur se concentre davantage sur son histoire d’amour tire-larmes et presque inutile que sur le moteur principal de son action.  Car si on a déja servi l’argument du hors champ pour les attaques de monstres dans les films à budget réduit, pour Super 8 on se demande si ce parti pris sert vraiment le film.

Plus le métrage avance, plus on se rend compte que Super 8 n’apporte rien de nouveau, ni dans l’histoire familiale du père pas doué en éducation, ni dans le traitement du deuil de l’enfant trop lacrimal. Rien de bien original non plus dans le manichéisme de certains personnages, ou le final sentimentalo-vomitif qui fait plus soupirer le spectateur qu’autre chose.

“Tout va changer” est écrit sur  l’affiche du film, mais à la vue de Super 8, on se dit plutôt que rien n’a changé, ou même pire, on est nostalgique. Nostalgique d’une époque où les cinéastes avaient de l’audace et de l’imagination, où il ne fallait pas 2 ou 3 ans de travail pour accoucher d’une souris. Tout ça pour ça ..

Merci à Allociné

Quitter la version mobile