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The Loved Ones

Affiche du film "The Loved Ones"

© 2009 Ambience Entertainment − Tous droits réservés.

Et si le meilleur film d’horreur de l’année 2010 venait d’Australie et était le parfait croisement entre teen movie indie (c’est-à-dire plus Larry Clark qu’ « American Pie ») et « Massacre à la Tronçonneuse » ? Sensation forte des récents festivals, « The Loved Ones » ne trahit pas les attentes et va même beaucoup plus loin. Le réalisateur australien Sean Byrne y mélange adroitement trois genres – drame psychologique, teen movie et film gore – pour un résultat gagnant sévèrement en intensité à mesure que les styles se chevauchent.

Xavier Samuel (« Twilight : Eclipse ») incarne Brent Mitchell, jeune lycéen faisant difficilement le deuil de son père décédé dans un accident de voiture. Coincé entre le quasi-mutisme de sa mère et l’amour que lui voue sa petite amie et auquel il ne peut répondre, Brent fuit sa culpabilité – il était au volant du véhicule – dans la fumette et le heavy metal. Le jour du bal de son lycée, le calvaire de l’adolescent tourne au cauchemar. Kidnappé par le père d’une jeune fille qu’il a refusé d’accompagner au bal, Brent se retrouve séquestré dans la maison d’une famille complètement psychotique pour une soirée de lycée revisitée dans la douleur.

« The Loved Ones » rompt ici avec les clichés du survival à l’australienne et ses bushmen enragés harcelant les touristes paumés en plein désert (voir « Wolf Creek », dernier grand frisson d’Oz Land, ici mentionné sur l’affiche). Sa partie horrifique se rapproche d’ailleurs plus de « Mum & Dad », petit film british sorti en 2009 et mêlant lui aussi comédie familiale noire voire très glauque et film de séquestration. Mais sa plus grande qualité reste d’avoir compris les grandes articulations des différents genres ici mis en scène pour proposer au final un métrage assez unique.

Sean Byrne réinvente le calvaire du repas chez les beau-parents

Ses images d’adolescents confrontés dans la douleur au monde des adultes et l’hypocrisie des bienséances sociales peuvent ainsi évoquer le film « Virgin Suicides » et autres clichés du cinéma indie naturaliste étiqueté encore récemment Sundance. La maitrise de ces codes et la beauté du film en général se révèle finalement plutôt déstabilisante. Car à cette douceur trompeuse  répond la brutalité des actes perpétrés par la suite, pour la plus grande surprise de ceux qui auraient été appâtés par l’aspect teen movie classieux du film et qui se prendront sûrement en pleine face tout ce qui va suivre (et qui se chargeront sûrement ensuite de parler de «bon film même si gâché par trop de violences inutiles »).

Car Sean Byrne ne se retient pas dès qu’il s’agit de rentrer dans la partie film d’horreur, l’empathie créée jusque là pour Brent et ses proches décuplant la terreur et la violence des effets. Le réalisateur montre une habilité certaine à faire grimper subitement la tension, que ce soit au cours de l’ascension quasi-suicidaire d’une falaise ou lors de séances de bricolages qui en traumatiseront sûrement plus d’un. Le réal’ saupoudre toutes ces parties les plus dures d’un humour noir pour créer des instants de folie furieuse digne du « Massacre à la Tronçonneuse » original, où le loufoque le dispute au malsain, et qui culminera dans un final grand-guignolesque dénotant d’un vrai amour du genre. Certains éléments du début comme l’accident de voiture où les marques d’automutilations de Brent trouvent alors dans ces instants leurs échos déformés, “The Loved Ones” arrivant à déployer une structure narrative aussi maitrisée que complètement vicelarde.

Un cour de danse dans la douleur

En plus d’être plutôt fin dans son scénario en ne dévoilant qu’au fur et à mesure l’ampleur de la folie de la famille, le réalisateur ménage ses effets en alternant scènes du calvaire subi par Brent et une ligne narrative parallèle, d’apparence plus légère, suivant la soirée d’un de ses potes avec une adolescente gothique quasi-mutique. Les deux histoires se révéleront connectées, asseyant un peu plus le spleen traversant tout le film. Un sentiment de déprime adolescente générale conférant une personnalité forte à  «The Loved Ones » où les teenagers semblent beaucoup moins à la masse que les adultes ici soit impuissants et dépressifs ou psychotiques et incestueux..

On pensera inévitablement à  « Tous les garçons aiment Mandy Lane » mais à la place des faiblesses scénaristiques et du final mal foutu de Jonathan Levine, « The Loved Ones » déploie une intrigue maitrisée de bout en bout, le tout porté par des interprétations et une réalisation de haut vol. Immanquable

DVD sorti en UK chez StudioCanal.

Par Alex B

BONUS:

Entre Twilight et The Loved Ones il y a un peu plus qu’une coupe de cheveux…

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