Sharksploitation (2024)

Présenté à la dernière édition de Gérardmer en parallèle de la nuit Shark attacks !, Sharksploitation est comme son nom l’indique un documentaire consacré à un sous-genre cinématographique de fiction dans lequel des requins, généralement monstrueux, constituent la figure principale. Par extension, le genre s’étend aussi à un ensemble de film où des espèces aquatiques, parfois même terrestres (Tremors, Grizzly), s’en prennent aux humains, dans l’eau, au bord de plages, dans les airs ou en montagne (Les dents de la mer, The Reef, Sharknado, Avalanche sharks).

Ce ne pouvait être que Roger Corman qui inaugure un documentaire consacré à la Sharksploitation. Pas spécialement pour ses films sur les requins mais parce que les créatures monstrueuses et démesurées occupent une place importante dans son œuvre en tant que réalisateur et producteur. Il revient en partie sur l’histoire des films de série B produits dans les années 1950 / 1960 mais aussi sur le tournage de Piranhas.

Corman n’est que le premier des intervenants dans un film qui réunit entre autres Joe Dante, Joe Alves, Wendy Benchley ou Rebekah McKendry. À travers ces interviews et les extraits de nombreux films, Sharksploitation retrace l’histoire de ce genre, des plus gros blockbusters aux films produits par Syfy et Asylum, avec bien évidemment une séquence importante consacrée aux Dents de la mer de Steven Spielberg.

Le documentaire a une dimension comique pleinement assumée qui fonctionne plutôt bien. À travers d’abord l’excellent montage montrant de manière simultanée la répétition des mêmes types de scène, des mêmes genres de personnages ou des mêmes répliques d’un film à l’autre. À travers aussi le récit d’anecdotes de tournage improbables, comme lorsque Corman et Dante expliquent que le faux sang utilisé pour le tournage de Piranhas a entraîné l’apparition de champignons qui ont littéralement dévoré le revêtement de la piscine où étaient tournées les scènes aquatiques. À travers enfin des extraits de films tellement barrés qu’ils font passer Sharknado pour un film honnête. De Avalanche Sharks : Les dents de la neige à L’attaque du requin à six têtes, il est toujours amusant de revoir les séquences de ce que la Sharksploitation a pu produire de plus extravagant.

Ce qui est intéressant, c’est que le documentaire fait aussi intervenir des biologistes marins ou des spécialistes des requins sur la manière dont les films de la Sharksploitation ont pu ou influencent encore aujourd’hui le rapport entre humains et requins. Car de la multiplication d’abattage de requins après la sortie des Dents de la mer à l’émergence de théorie complotistes autour de la survie mégalodon, ces films de fiction ont une incidence sur l’image que le public a des requins. C’est la face plus sombre du documentaire, à la tonalité globalement fun, qui rappelle aussi les abus qui ont marqué le tournage ou la distribution de certains films. Comme ces requins tués pour le besoin de tournage. Comme cette mort d’un cascadeur, tué par un requin lors du tournage, et dont les images ont été conservées au montage et utilisées pour faire la promotion d’un film. Le business de la sharksploitation dans ce qu’il a de plus cruel.

Sharkspoloitation est un documentaire aussi intéressant que fun pour qui souhaite en apprendre plus sur l’histoire d’un genre qui ne manque pas de mordant.

Camille V.