La saison 2 de la série d’anthologie The Haunting est arrivée début Octobre 2020 sur Netflix. Deux ans après avoir suivi les péripéties de la famille Crain à Hill House, nous voici maintenant au Manoir Bly. Le metteur en scène Mike Flanagan est toujours aux commandes, même s’il n’a pas réalisé tous les épisodes. On y retrouve aussi plusieurs membres du casting de la saison précédente. Il n’y a cependant que neuf épisodes (contre dix pour la saison 1) d’une durée d’environ 50 minutes.

Cette seconde saison est une adaptation remaniée de la nouvelle Le Tour d’écrou de Henry James, parue en 1898, complétée par quelques références issues d’autres histoires de James. Cette nouvelle est devenue populaire grâce aux adaptations dont elle a déjà bénéficié. La première est un opéra en 1954 réalisé par Benjamin Britten, puis deux long-métrages ont suivi. Le premier, Les Innocents, date de 1961 et a été réalisé par le britannique Jack Clayton. Le second a été réalisé en 1974 par le français Raymond Rouleau et a repris le titre de la nouvelle originelle. Pour sa série, Flanagan a décidé de rendre hommage au texte de James et au film de Clayton.

Durant cette saison, nous suivons l’histoire de Danielle Clayton (oui comme Jack Clayton) fille au pair qui doit s’occuper de deux jeunes orphelins, Flora et Miles Wingrave, dans le manoir de Bly. Elle est aidée par la gouvernante Anna Grose (T’Nia Miller), le cuisinier Owen (Rahul Kohli) et Jamie la jardinière (Amelia Eve). Sans surprise, on comprend rapidement que Bly Manor est hanté. Dany doit alors composer avec les fantômes de Bly et ses propres fantômes afin des protéger Flora et Miles. La trame du scénario est similaire à l’histoire de James, toutefois la dimension malsaine et sexuelle évoquée dans la nouvelle et totalement absente de la série. Flanagan a pris le parti de se concentrer uniquement sur les liens amoureux et affectifs des personnages et leurs conséquences spirituelles. Le processus de transformation en fantôme est d’ailleurs plutôt bien développé. Mais cette saison est malheureusement plus centrée sur les histoires d’amour que sur les histoires de fantômes. Pour aller plus loin, ce sont en réalité les histoires d’amour qui créent des histoires de fantômes. Les amateurs de frissons et de maison hantée seront donc déçus par cette saison.

Tout comme dans la première saison, on peut s’amuser à dénicher des fantômes cachés en arrière-plan, toutefois l’atmosphère est beaucoup moins pesante et stressante dans cette seconde saison. On peut également se laisser surprendre par quelques jumpscares mais le potentiel effrayant des fantômes n’est pas développé et laisse place à des esprits mélancoliques transis d’amour. La tension qui peut alors se créer grâce à certaines scènes retombe rapidement. Les épisodes sont trop lents et le spectateur doit souvent fournir des efforts de compréhension face aux histoires secondaires des personnages et aux informations anecdotiques. En effet on s’y perd facilement entre les « vrais fantômes » et les « fantômes psychologiques », les rêves et les souvenirs, les fantômes et les vivants…

The Haunting of Hill House avait séduit son public grâce à ses fantômes effrayants et son atmosphère sombre et pesante. Cette saison fera donc sans doute des déçus car l’atmosphère est lente et poétique, certains épisodes sont parfois même trop longs. De plus, les secrets de Bly Manor et les enjeux des fantômes se devinent très rapidement, le dénouement semble donc trop lent à venir. Il est toutefois intéressant de retrouver quelques membres du casting de la première saison dans des rôles totalement différents mais qui leur vont tout aussi bien. On soulignera également l’esthétique globale très soignée. Quelques points positifs qui sauvent un peu la mise.
Sarah C.