[Critique] Escalade (Charlotte Silvera, 2011)

[Critique] Escalade (Charlotte Silvera, 2011)

Armés d’un bouquet et d’un large sourire, quatre élèves de Terminale sonnent chez Alice Nabat, leur proviseur. Ils viennent lui souhaiter “bon anniversaire”. Surprise mais émue par tant de gentillesse, Alice Nabat invite les adolescents à prendre un verre. Une fois, la porte refermée, une nuit terrible va se dérouler… Que veulent-ils ces aimables garnements venus visiblement avec une arrière-pensée : en découdre avec cette figure de l’Autorité qu’est Alice Nabat ? Exercer leur pouvoir qu’ils croient incontestable pour arriver à leurs fins ?

C’est dans l’indifférence générale que s’apprête à sortir Escalade, une petite tentative de thriller français. Avec son pitch original et solide, Escalade nous promet  un véritable huit-clos tout en suspense et en tension. L’idée de confronter une directrice d’école pleine de valeurs et de compassion à un groupe de 4 adolescents arrivistes et manipulateurs, prêts à tout pour réussir, était séduisante sur le papier. D’autant plus que le métrage débute presque sans aucune introduction, une manière habile d’immerger le spectateur à l’intérieur de l’histoire.

C’est Carmen Maura qui a été choisie pour incarner ce personnage devant représenter l’autorité scolaire par excellence et qui va pourtant devoir lutter pour se faire entendre. Ce visage familier issu du cinéma franco-espagnol ouvre le film et l’actrice excelle à retranscrire la profondeur et la complexité du personnage.

Mais c’est à l’arrivée des 4 jeunes lycéens que ça se gâte car seulement quelques minutes suffisent pour que le spectateur se rende compte de la piètre qualité de l’interprétation de certains acteurs : ils tentent de réciter leurs textes et de surjouer des émotions qui rendent certaines scènes incompréhensibles, ou pire, parfois même ridicules. Ils ne sont pas aidés par une direction qui semble avoir voulu les laisser en roue libre. L’écriture des dialogues est dans la même veine : trop de rhétorique tue la rhétorique, surtout pour des gamins censés avoir 17 ans.

Devant une telle catastrophe, le spectateur commence à trouver le temps long mais tente de rester accroché au film par curiosité, rien que pour savoir où la réalisatrice à voulu aller. Cette indulgence n’est pas récompensée puisque dans la dernière demi-heure, on atteint des sommets de retournements opportunistes de situations foutraques peu intelligibles. Ici, les changements de positions des personnages, leurs états d’âmes sont extrêmement mal gérés dans leur rythme et leur intensité, ce qui rend le tout plutôt indigeste.

La réflexion socio-politique voulue par Charlotte Silvera tombe alors fatalement un peu à plat. Certes, cela a le mérite de montrer qu’une tentative de donner une toile de fond au film a été faite, et c’est d’ailleurs assez captivant au début du film mais cela est traité avec tant de naïveté que ça en devient presque risible. Ainsi, les éléments sur l’histoire des parents de ces lycéens perdus, des hommes et des femmes d’influence sont amenés avec lourdeur et maladresse, ce qui ne convainc pas une seconde l’audience.

Escalade n’est donc pas le “bras de fer” plein de tension annoncé, il n’est qu’un pétard mouillé qui gâche un très bon scénario de départ ( il s’agit en fait d’une adaptation d’une pièce de théatre russe ) car avant de vouloir donner à son film un contexte politico-sociologique, il faudrait peut-être s’assurer de la solidité des premiers rôles sur lesquels le film tout entier repose.

Date de sortie cinéma: 15 juin 2011

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