In Fabric

In Fabric (2019)

1 h 58 min | Horreur, Comédie | 28 juin 2019
Note
7/10
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La boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper's, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers, sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu'une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.

Peter Strickland s’est rapidement construit une filmographie atypique dans le cinéma fantastique.  Ce britannique a notamment réalisé « Berberian sound studio », un long métrage remarqué au sujet fascinant : les bruitages de films d’horreur. Mais cette première œuvre si elle s’avérait exceptionnelle de par le travail du son (heureusement) et se dotait d’une belle qualité d’image, provoquait rapidement l’ennui, faute d’un sujet trop peu étoffé et d’une ambiance, certes réussie, mais trop délétère pour emporter l’adhésion totale.

Peter Strickland fera ensuite un film sur le sado-masochisme lesbien « The Duke of Burgundy » dont le titre fait référence à un papillon, ça ne s’invente pas… Assez malsain et porté par un casting 100% féminin, ce troisième film le propulse un peu plus dans la catégorie des réalisateurs à suivre avec attention.

Vient donc ce « In Fabric » qui clairement confirme le statut de Strickland comme un cinéaste à part, exigeant mais fortement intéressant pour peu que l’on aime les films d’ambiance qui ne cherchent pas le frisson facile.

On s’attache donc au destin de deux personnages pour un film scindé en deux parties clairement distinctes. Ce qui les relie, c’est une robe maléfique conçue par un personnage aussi obscur que mutique qui dirige une boutique de vêtement dont les vendeuses sont pour le moins étranges, dotées d’un accent étranger et d’un vocabulaire soutenu et porté sur la métaphysique. Nous ne sommes pas si loin d’une ambiance lynchienne, où les mystères qui entourent ces figures maléfiques ne sont que peu expliqués, laissant le spectateur consentant se faire happer par un sentiment d’étrangeté inquiétante. On sent également un hommage à Polanski et son « Rosemary’s baby » dans la volonté de faire de personnages que l’on croise tous les jours des êtres auxquels on ne peut plus se fier (les voisins chez Polanski, les vendeuses chez Strickland) d’où l’intrusion du fantastique dans un contexte quotidien.

« In fabric » est moins original que les précédents métrages de Strickland mais aussi plus accessible. On notera cependant que la première partie du film suscite bien plus d’intérêt de par son personnage principal, une mère célibataire noire avec un jeune adulte à charge qui peine à reconstruire une vie sentimentale. Il est ainsi évident que la sensibilité de Strickland se porte sur les protagonistes féminins avec une subtilité rare aujourd’hui dans le cinéma de genre. La deuxième partie du film s’intéresse à un couple dont le mari réparateur de machine à laver simplet est à la merci de son épouse autoritaire, et les situations sensés provoqués le rire (noir) entre ces deux personnages sont trop banales et déjà vu pour fonctionner comme le réalisateur l’aurait souhaité. Cette baisse de régime sera compensée par un hystérique que l’on gardera bien de dévoiler ici.

Film superbe une fois de plus de par son travail sur le son (quelle BO de Cavern of anti-matter qui rappelle les grandes heures des Giallo italiens et de travail de Stelvio Cipriani ou Bruno Nicolai), « In Fabric » apporte un soin tout particulier à sa réalisation et à sa photographie aux couleurs éclatantes et superbes qui rappellent, là encore, les plus belles heures du giallo, dont les influences sont à aller chercher chez Argento, Lenzi ou Martino.

Amis amateurs de fantastique sensibles à l’ambiance, avec une envie de vous laisser porter par un superbe cauchemar éveillé, malin, malsain et prenant, « In fabric » n’attend que vous. Mais mesdemoiselles/mesdames, attention aux robes taille 36… vous risquez de réfléchir à deux fois avant d’en racheter une. A voir au cinéma le 20 novembre 2019.

Mad Sam

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