Dracula, la série : Grand vampire, petite ambition

Dracula, la série : Grand vampire, petite ambition

Librement inspirée du roman épistolaire de Bram Stoker, la série Dracula a été créée par Cole Haddon, Tony Krantz et NBC. Débarquant après l’autre série sanguinaire de NBC, Hannibal, et au vu du peu de succès rencontré outre-Atlantique, elle n’aura dès lors connu qu’une seule saison de 10 épisodes. Pourquoi avoir tout bonnement annulé la série ? Quelques éléments de réponses…

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L E  P I T C H

Dracula arrive dans le Londres de l’époque victorienne, affirmant pouvoir y apporter la science moderne. En réalité, le célèbre vampire y est venu se venger de ce peuple qui a ruiné sa vie quelques siècles auparavant. Mais son sombre dessein est contrarié par… une jeune femme, dont il s’éprend éperdument et qui semble être la réincarnation de sa défunte épouse.

1. Les trois phrases du pitch ne sont ni plus ni moins que le résumé intégral de la série. Une fois lues, vous n’apprendrez guère plus. Il n’y a que de très légers approfondissements, rien de bien satisfaisant côté découverte de l’univers et développement du personnage principal. Impossible de se laisser porter par le scénario qui au-delà de l’épisode pilote reste définitivement creux.

2. Dracula, ce vampire devenu depuis la fin du 19ème siècle un personnage mythique, 100 fois repris, réadapté, remanié… Peu ont déjà lu le roman de Bram Stoker, base ultime de tout ce qui en découlera ensuite, mais beaucoup ont déjà vu au moins deux adaptations. Le Dracula de la série, interprété par Jonathan Rhys Meyers, tient plus du gentleman mystérieux et cultivé qui aime s’adonner à quelques parties de jambes en l’air et de morsures dans l’ombre, que de la bête sanguinaire et sans scrupules que l’on peut attendre. Et pourtant beaucoup de séries ont déjà fait leur succès avec un personnage antipathique, voire anti-héros. Mais ce Dracula là, ne franchit presque jamais la limite de la décence, et en devient ennuyeux.

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3. Comme évoqué dans le 1., on n’apprendra rien de ce qui fait l’histoire de Dracula. Sa femme est morte : on le sait, et les flashback n’oublient pas de nous le rappeler, mais pourquoi ? Il vient se venger : parce qu’on a tué sa femme donc, mais pourquoi à se moment précis, à savoir à l’époque victorienne ? Comment est-il devenu vampire ? Comment a-t-il “grandi” ? Le scénario ne nous apporte aucune réponse.

4. La série tient beaucoup du fait que ce soit Rhys Meyers qui interprète le rôle-titre. Et pourtant ! L’acteur n’a jamais été aussi soporifique, sans charme, et dénué de charisme. Et les seconds rôles ne sont pas là pour remonter la pente… Des personnages fades, sans réelle profondeur, et comme toujours, sans histoire. Impossible de s’y attacher, et à ne rien savoir sur eux on en vient simplement à juger le mauvais jeu d’acteur de certains.

5. Comme le laisse entendre le pitch, une partie de l’intrigue se joue entre Dracula et une jeune femme, Mina, qui ressemble trait pour trait à sa femme disparue. Il y a donc, par obligation, un goût de romance impossible entre l’être de la nuit et l’humaine mortelle. Le romantisme c’est bien, c’est une vision qui peut-être intéressante du point de vue de la psychologie du personnage principal. Sauf que la série prend clairement le chemin de la romance fleur-bleue. On s’attend à une attraction inexplicable, à un certain sex-appeal, à un charisme dévastateur (on parle quand même de Dracula !)… Mais il n’en est rien. Le personnage en est presque parfois réduit à subir son attirance pour cette jeune femme “inaccessible”. Le vampire devient victime de sa propre condition… On a déjà vu plus sanguinaire !

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6. L’ordre obscur contre lequel Dracula porte toute sa vengeance est une secte centenaire composée d’hommes influents de Londres. Malheureusement pour lui, c’est aussi assurément l’ordre le plus coulant de l’histoire. Censés chasser et tuer les vampires de la ville, les membres restent très passifs. On pourrait croire que de par leurs conditions rien ne devrait leur échapper, être au courant de la moindre histoire de rue, mais ils mettront un temps infini pour savoir que Dracula se balade tranquillement parmi eux. Leur chasseuse est bien plus disposée à parader aux soirées mondaines enveloppée dans de grandes toilettes aux décolletés ahurissants, plutôt qu’à traquer efficacement les créatures à canines pointues.

Dracula - Season 1

Malgré tout cela, la série se démarque par des décors et des costumes joliment réalisés qui arrivent à donner une belle dimension de ce à quoi pouvait ressembler Londres pendant la seconde moitié du 19ème siècle. Le personnage de Dracula fait honneur à celui de Stoker en restant profondément scientifique et très cultivé.

E N  R É S U M É

La série reste malheureusement bien trop gentillette en comparaison du titre qui lui, pouvait nous laisser espérer de jolies choses, notamment une histoire vampirique qui aurait pu nous faire oublier toutes celles qui ont mis un coup à cet univers fantastique. La déception est d’autant plus intense qu’avec un tel personnage il y a matière à construire et à développer. Cette série reste, sans être agréable, un passe-temps distrayant… Un peu comme une émission que l’on mettrait en fond sonore pour faire le ménage.

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