Entretien avec Miguel Angel vivas, réalisateur de Kidnappés

Entretien avec Miguel Angel vivas, réalisateur de Kidnappés

Miguel Angel Vivas est diplômé en communication audiovisuelle de l’Université Européenne CEES de Madrid et comme réalisateur. Il débute avec un premier court-métrage horrifique, El hombredel saco (2002), récompensé au Festival cinématographique de l’Atlantique Alcances, au Festival Fantastique d’Estepona (meilleur réalisateur) et au Festival de Montpellier (Prix CINECINEMA). I’ll see you in my dreams (2003) est un court-métrage zombiesque très remarqué, qui a reçu de nombreux prix : Méliès d’Argent du meilleur court-métrage Européen à Strasbourg ; Meilleurcourt-métrage au Festival du Film Fantastique de Fantasporto (2004), Prix d’or au Festival international de Film Fantasia(2004)… Après avoir décroché le prix Opéra Prima de la chaîne espagnole Antena 3, il dirige son premier long métrage, Reflections (2003),un thriller interprété par George Corraface, Ana Fernandez et Emilio Gutierrez Caba entre autres. A côté de son travail de cinéaste, il enseigne à l’université Européenne de Madrid. Miguel prépare actuellement son premier long métrage en langue anglaise : Welcome to Harmony.

“La question de la multiplication de la violence à domicile et de la séquestration n’est pas nouvelle. Il m’a pourtant paru important de traiter ce sujet, mais en fuyant les codes du thriller conventionnel. Ce qui m’intéressait le plus, c’était l’authentique terreur de l’inconnu provoquée par ce type de situation. La profanation du lieu intime, sacré, qu’est la maison. J’ai souhaité refléter des faits dramatiques existants sous forme d’allégorie politique, regarder et montrer les victimes sous un angle concret et réaliste, approcher au plus près des mécanismes d’insécurité déclenchés par un tel assaut qui peut arriver à n’importe qui, surgir à tout moment.”

“Sur ce scénario qui n’a cessé d’évoluer au moment des essais, l’idée était de transposer au cinéma de genre les codes du documentaire, de domestiquer les espaces pour créer une réalité et une vérité qui se diluent avec le temps, échappent au spectateur au fil des séquences, petit à petit aussi démuni que les victimes du film, dans une totale incompréhension de la violence manifestée par les kidnappeurs, et donc dans l’impossibilité de communiquer. J’ai naturellement opté pour une photographie en harmonie avec le ton du film : crue, directe, sans concessions.”

“C’est une sensation incroyable de pouvoir suivre les personnagesde l’intérieur de la maison à l’extérieur sans couper la caméra. Le cut ne donne pas seulement au spectateur un sentiment de trucage, de fiction, il est aussi là pour lui imposer le récit, le faire sortir d’une situation pour l’amener à une autre. En éliminant le découpage, on a alors le sentiment vertigineux que les personnages ne sont plus là pour lui raconter une histoire, mais pour lui faire vivre leur épreuve par procuration, en lui tenant la main du début à la fin, sans lui laisser, à l’identique de ce qu’ils subissent, le temps de respirer. Cette utilisation du plan séquence ne doit pas être entendue comme un exercice de style beau et spectaculaire. C’était pour moi une condition de tournage indispensable à l’atmosphère de KIDNAPPES.”

“Pour les mêmes raisons que développées précédemment, plutôtque d’utiliser le cut dans les pics de situations dramatiques, je lui ai préféré le split screen qui m’a permis de suivre simultanément la famille et les agresseurs. Ces partis-pris exigeaient que nous ayons recours au son direct pour les dialogues, mais avec le souci que le résultat soit propre. Les différentes ambiances sonores obtenues doivent être ainsi davantage être perçues comme de purs et simples éléments de décoration sonore mis au service des angoisses des personnages.”

“L’essentiel du tournage se déroule à l’intérieur de la maison qui de fait devient un véritable personnage du film. Ce choix de quasi lieu unique était donc majeur. Après plusieurs mois de recherche, nous avons enfin trouvé celle qui convenait dans un quartier résidentiel : Las Rozas à Madrid. D’architecture moderne, spacieuse, avec sous sol et garage, éclatée en grandes pièces séparées par des portes coulissantes, avec les chambres alignées sur un même couloir, comme capable de se mouvoir, donnant l’impression d’avoir vécu. Et donc, malgré son côté clinquant, son implantation en zone résidentielle – une de ces micro-villes séparées du reste du monde avec un agent de sécurité à l’entrée – quelque chose de familier semblait s’en dégager.”

Au cinéma le 30 Novembre prochain.

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