En 1982, quand Tobe Hooper tourne Poltergeist, l’Amérique change. Les années Reagan inaugurent une nouvelle époque, symbolisée par le père de la sympathique famille Freeling qui lit un news magazine sur le lit conjugal avec le cow-boy président récemment élu qui fait la une, pendant que sa femme lui prépare un joint. On sent bien que ce couple-là est rescapé du flower power et surjoue le bonheur de l’American Way of Life, version banlieue californienne, façon Desperate Housewives. Les premières images nous offrent d’ailleurs, avec un humour acide, une chronique sur la banalité légèrement ridicule de Cuesta Verde…
Les hommes regardent le football américain à la télévision, il y a des conflits de télécommande entre maisons, certaines changeant involontairement le programme des autres (un premier indice ?), les enfants font des farces et les adolescentes bien polies font des gestes obscènes aux ouvriers qui les sifflent pendant qu’ils creusent des piscines particulières. Le père est agent immobilier, la mère porte des shorts moulants en jean et les trois enfants et le chien semblent sortis d’une publicité pour « L’Amérique parfaite ». On en oublierait presque le pré-générique, représentant la fin des programmes à la télé, avec l’hymne américain en fond sonore.
Toute la famille, dont on va faire la connaissance, semble endormie à moins qu’elle ne soit morte, le metteur en scène laissant planer l’ambiguïté. Seul le chien va d’une pièce à l’autre ; au salon où le père est endormi. Dans les chambres il ne parvient à réveiller que la benjamine, une adorable petite blonde : Carol Anne Freeling (Hether O’Rourke) qui descend seule les escaliers, s’installe devant l’écran neigeux de la télé, le regarde de manière hypnotique un long moment, avant de se mettre à lui parler. Cette fois-ci, le cauchemar peut commencer.
Bien que réalisé par Tobe Hooper, auteur de Massacre à la tronçonneuse, ce film pourrait être considéré comme une œuvre de Steven Spielberg. Celui-ci a imaginé l’histoire originale, co-écrit le scénario, a produit le film, était omniprésent sur le plateau de tournage et aurait même dirigé certaines scènes. Le succès du film engendrera deux suites : Poltergeist 2 en 1986, peu après la sortie du premier opus et Poltergeist 3 en 1987.
Comme dans tout film d’horreur, les enjeux rencontrés par les héros sont symboliques. Les rapports de force au sein de la famille sont au centre des enjeux, notamment quand la mère n’arrive plus à communiquer avec sa fille « évaporée », et que le père prend le relais, lui qui saura mieux y faire car « c’est lui qui donne les punitions » ! Et si le film est si intense dans ses scènes cauchemardesques, c’est parce qu’on ressent tout le désarroi de ces personnes devant faire face à l’inexplicable.
Poltergeist fonctionne du tonnerre car le mélange qu’il propose, aussi bien au niveau des émotions que du style opposé des deux metteurs en scène, en font une œuvre unique et donc fascinante. On s’amuse à reconnaître quel artiste est derrière quelle scène (Des spectres lumineux qui volent dans le salon ? C’est Spielberg ! Un type voit son visage partir en lambeaux dans un miroir ? C’est Hooper !). Mais Poltergeist est un film de fantômes avant tout : Amusants au début, fascinants par la suite et carrément cauchemardesques sur la fin, les esprits frappeurs s’en donnent à cœur joie !
Film d’épouvante réussi au plus haut niveau, Poltergeist nous offre de vrais moments de frousse, dans la lignée des classiques de maison hantée. En matière de maisons hantées et d’apparitions spectrales au cinéma, on a rarement fait mieux que Poltergeist. Rire, émerveillement, effroi, tension, compassion. On a jamais vu un film de fantômes aussi prenant !
Bad Taste de Peter Jackson est pour moi le meilleur film d’horreur, gorre et comique jamais réalisé.
poltergeïst est devenu un classique du film d’épouvante avec un tobe hooper en grande forme. beaucoup de scènes spectaculaires et de l’humour font pensés que le film pourrait être de spielberg. les deux hommes ont peut-être travaillé ensemble sur ce film. note : 5/5